Quelques millimètres de pluie ont suffi, ces derniers jours, à transformer toutes les ruelles de la cité Ben Achour en de véritables oueds, où écoliers, piétons et vielles dames avaient du mal à traverser, cloués sur des semblants de trottoirs mal aménagés, exigus et par endroits inexistants. Ben Achour, avec ses 20 000 habitants, située tout juste à deux kilométres du centre-ville de Blida, vit, en été, les affres de la poussière, d'odeurs nauséabondes et du ruissellement des eaux usées et en hiver, c'est de la boue jusqu'au cou. Les rues des quartiers,, situés en pente se sont transformées, au bout de quelques minutes seulement, en de véritables oueds charriant gravats, déchets, pierres et matières boueuses. Les zones en aval se sont transformées en étangs d'eaux stagnantes et chargées de boue. En dehors de l'axe principal, quoique parsemés de nids-de-poule, le réseau des chemins de Ben Achour reste presque impraticable au moindre caprice du ciel. La dégradation continue des axes routiers de cette localité a poussé les transporteurs à raccourcir leur trajet, laissant ainsi la population parcourir le reste de la distance, souvent sur des chemins pentus, à pied. « Nous ne pouvons plus déposer nos clients au niveau de l'arrêt Debar, situé plus haut, car les chemins sont impraticables depuis le début de la saison des pluies. Même un 4x4 ne pourra pas emprunter ces chemins boueux et creusés par les eaux de pluie », nous dit un transporteur de la région. Sur l'axe routier Ouled Yaïch-Blida sur plus de trois kilomètres de distance, la zone de transition séparant les premiers piémonts de l'Atlas blidéen et la zone urbaine, les quantités de sédiments arrachées au flanc sont très importantes, obstruant ainsi ce qui reste fonctionnel des avaloirs et des ouvrages d'évacuation d'eau. Les amas de terre, charriés et bordant le long des axes routiers, ont retréci la largeur des routes ce qui n'est pas sans effet sur la fluidité de la circulation routière. « Quand les amas sont très importants, nous sommes obligés de slalomer entre ces gravats, allant parfois jusqu'à chevaucher sur l'autre position », exprime avec regret un usager de ce tronçon. Des réseaux sous-dimensionnés Le centre-ville de Blida n'est pas en reste puisque les quelques gouttes de pluie tombées n'ont pu êtres absorbées par des regards encombrés de cartons et d'autres articles d'emballage laissés par les commerçants. Selon un spécialiste dans le domaine de l'hydraulique urbaine, les réseaux d'assainissement sont souvent sous-dimensionnés, mais ce qui ajoute au mal est que la majorité des réseaux d'évacuation des eaux fonctionnent en système unitaire (évacuation dans les même conduites des eaux de pluie, des eaux usées urbaines et industrielles). « Heureusement que les villages situés sur les piémonts de Chréa ont une carte hydrographique et l'évacuation naturelle d'une grande partie des eaux ruisselées. Le problème se pose plus bas, où, de par la topographie et les mauvaises conditions d'évacuation, ces eaux s'accumulent », nous explique le même spécialiste. Si la rumeur court que les habitants de Ben Achour menacent d'occuper les rues en raison des retards enregistrés dans la réalisation des projets et des aménagements promis pour ce quartier, Tahar Amouri, délégué communal de Ben Achour, assure que ce qui a été promis est en cours de réalisation (gaz, assainissement…) pour aménager et bitumer enfin toutes ses rues. Il s'agit, tout simplement, selon cet élu, d'un ordre de priorité à respecter, puisque d'autres localités isolées à travers la wilaya de Blida, souffrent encore plus profondément du manque de projets de développement. Des clans plus préoccupés par la promotion de leur carrière au sein de l'administration locale poussent la critique au-delà du raisonnable, selon notre interlocuteur, pour qui le brouhaha que connaît la localité de Ben Achour en raison de la dégradation du cadre de vie ne serait que le résultat de ces agissements.