«Le froid et l'humidité me torturent, ma tension commence à me paralyser la bouche, je n'en peux plus… qu'on m'exécute, qu'on mette fin à ce cauchemar.» C'est un cri de détresse sorti tout droit de la prison de Khenchela où Mohamed Gharbi, l'ancien moudjahid condamné à mort pour avoir tué un repenti, est emprisonné. Mourad Gharbi, son fils, joint hier par téléphone, explique, non sans émotions, que son père est au bord de l'épuisement alors que les demandes de son transfert vers un hôpital ne trouvent aucun écho chez les autorités compétentes. Pourtant, ces dernières semaines, l'affaire Gharbi fait plus de bruit que jamais. Depuis le lancement en septembre dernier de LMG (Libérez Mohamed Gharbi), collectif qui a pris forme entre Annaba et Alger, l'affaire Mohamed Gharbi est au cœur de toutes les polémiques. Et pour cause, ce groupe de jeunes, indépendants de toute mouvance politique, sensibilise et mobilise de manière novatrice (t-shirt, flyers, documentaires vidéo, pétition…) pour la libération de l'ancien moudjahid. Il y a un mois, ils étaient une vingtaine de membres actifs faisant de facebook la plateforme de leur revendication autour de 7500 adhérents. Ils sont aujourd'hui beaucoup plus nombreux et aussi foncièrement motivés. Notamment depuis que leur page facebook a été craquée et supprimée de la Toile. «On est motivés à bloc et on ne compte pas s'arrêter là, qu'ils suppriment ou pas nos espaces sur la Toile, nous comptons déposer notre dossier de demande de sa libération mardi prochain», explique Hassan, un des membres fondateurs de LMG. Le 10 novembre, c'est justement la date choisie par ces jeunes pour déposer leur dossier au ministère de la Justice, au Palais du gouvernement et à la Présidence. Rendez-vous le 10 Le dossier contient une lettre rédigée par la famille Gharbi demandant la libération de l'ancien Patriote, la charte de LMG qui accompagne la pétition signée par des milliers de citoyens, les articles de presse consacrés ce dernier mois à l'affaire et la liste des personnalités publiques signataires. Des personnalités politiques et artistiques de renom figurent justement parmi ces signataires : Rédha Malek, Réda Hamiani, Omar Ramdane, Zohra Drif, Yacef Saâdi, Ali Haroun, Mohamed Corso, Amar Bentoumi, Abdelaziz Rehabi, Mekhelef Abderahmane, Rachid Boudjedra, Amine Zaoui, Waciny Laaredj, Djoher Amehis, Baaziz, Amazigh, Chikh Sidi Bémol, Ahmed Rachedi, Djamel Bouakaz, Lakhdar Bouragaa... Toute cette démarche pour un seul objectif : obtenir du président Bouteflika une grâce amnistiante pour l'ancien moudjahid condamné à mort. Samir, autre membre, actif quotidiennement, explique : «On constate un réel engouement de la part des citoyens, notamment parce qu'on est apolitique. Les gens qu'on a rencontrés au SILA, où on a collecté une moyenne de 500 signatures par jour depuis son ouverture, ont tous été réceptifs et encourageants.» Le SILA a justement été un moment fort pour les LMGistes, mais ils ne manquent pas de continuer à s'étendre en dehors d'Alger. Khaled, un autre membre fervent du groupe raconte : «De nouveaux adhérents commencent à activer à Oran et nous avons maintenant LMG Paris, LMG Montréal et LMG Barcelone qui tentent de mobiliser les Algériens vivant à l'étranger, c'est dire que la mobilisation est plus active que jamais, malgré les tentatives d'intimidation qu'on vient d'avoir à travers la suppression de notre page sur facebook».