Le taux de chômage en Algérie va baisser. C'est une prévision de Mourad Medelci, ministre des Finances, annoncée hier à l'APN. De 17,7 %, ce taux va passer à 16 %. « On va vous annoncer ce chiffre dans les prochaines semaines », a dit le ministre. Sans expliquer comment ce taux va se réduire, il a parlé de la création de 22 503 postes budgétaires prévus dans la loi de finances 2006, discutée au niveau de la chambre basse du Parlement. Ces postes vont surtout bénéficier aux institutions et à l'administration publique. Les dispositifs de promotion d'emploi vont dégager, selon lui, 462 565 postes par an. Dans le secteur agricole, il est prévu la création de 176 000 « équivalents emploi/an ». Le programme de soutien à la relance économique, qui s'est achevé en 2004, a contribué, d'après M. Medelci, à une baisse significative du taux de chômage. Le ministre s'est étalé sur « l'importance » des transferts sociaux « qui avoisineront en 2006 les 20 % du budget de l'Etat ». Ces transferts correspondent, selon lui, à 50 % du budget retenu dans la loi de finances 1999, soit 512 milliards de dinars. Le ministre s'est autorisé ce calcul amusant : « Si on divise ce montant de 512 milliards de dinars sur le nombre des familles en Algérie, chaque famille bénéficiera de 100 000 DA par an. » Ce n'est qu'une image. Défendant sa loi, sans doute la mieux dotée depuis l'indépendance de l'Algérie, le ministre des Finances a souligné le fait que le budget pour l'exercice 2006 dépasse les 45 % du produit intérieur brut (PIB). « Exceptionnel », a-t-il dit. Il a relevé l'absence de nouveaux impôts dans la nouvelle loi « malgré le poids de la dépense publique ». « Les seules dispositions législatives proposées à des modifications de tarif se rapportent à de simples ajustements de taux, liés principalement à la lutte contre la pollution et pour la préservation de l'environnement », a-t-il indiqué. Ces « ajustements » n'auraient, selon ses dires, aucune incidence sur le pouvoir d'achat. Dans la foulée, le ministre n'a évoqué, à aucun moment, la possibilité d'une augmentation des salaires. Faisant une précision à la presse, le ministre a démenti toute revalorisation du prix du carburant. Le rythme des importations va s'accroître de 8 % par rapport à 2005 pour atteindre les 22 milliards de dollars. Cette importante hausse est expliquée par le ministre par l'exécution du Plan de consolidation de la croissance (doté initialement de 55 milliards de dollars sur cinq ans), la suppression du droit additionnel provisoire et la réduction des coûts douaniers des biens intermédiaires en application de l'accord d'association avec l'Union européenne. Les exportations hors hydrocarbures ne décollent pas, puisqu'elles ne vont pas dépasser les 700 millions de dollars. Les exportations d'hydrocarbures vont rapporter, d'après les prévisions de M. Medelci, 18,2 milliards de dollars. La base de calcul reste statique en dépit de l'évolution positive du marché pétrolier : 19 dollars le baril. Le grand argentier du pays a tenté d'expliquer cette option de bâtir la loi de finances sur un prix irréel du baril. Il s'agit, entre autres, de sécuriser la dépense publique « d'éventuels retournements brutaux » de la conjoncture du marché pétrolier. Le gouvernement entend également « contenir » l'inflation dans les limites proches des partenaires du pays. Le taux officiel de l'inflation est de 3,5 %. « Le prix de référence retenu pour la détermination des ressources budgétaires n'a pas d'effet limitatif sur la dépense publique », a précisé M. Medelci en évoquant un déficit budgétaire de 963,5 milliards de dinars. Aucune indication n'est donnée pour justifier ou, du moins, clarifier l'architecture de ce déficit. L'intervention à l'APN du gouverneur de la Banque d'Algérie, prévu le 14 novembre, permettra peut-être d'avoir une idée plus claire. M. Medelci a indiqué que le gouvernement ne peut pas puiser dans le Fonds de régulation des recettes (FRR) pour compenser le déficit budgétaire. « Ce fonds sert à payer la dette intérieure et extérieure. Il sert à nous libérer », a-t-il argué. Avant que l'exercice 2005 ne soit clos, le FRR, qui a doublé en moins d'une année, s'élève déjà à 1504 milliards de dinars. Un chiffre jamais atteint depuis la création de ce fonds, il y a quatre ans, afin de prendre en charge l'écart entre les recettes réelles et celles prévisionnelles de l'Etat. Selon le ministre, 900 milliards de dinars ont été puisés dans ce fonds pour rembourser la dette depuis 2001. Justement, entre la dette et les réserves de changes (qui ont dépassé les 51 milliards de dollars à la fin septembre) le différentiel positif est de 36 milliards de dollars. En 2006, les recettes budgétaires vont dépasser les 1667 milliards de dinars, les dépenses vont tourner autour de 2631 milliards de dinars. Le ministre des Finances a évoqué les fonds spécial Sud et celui de la steppe dont l'utilisation sera désormais suivie en Conseil des ministres. Il a parlé du renforcement de la « transparence » et de « la rigueur » dans la gestion budgétaire, notamment celle des fonds d'affectation spéciale. Cependant, le ministre n'a pas dit pourquoi le gouvernement ne respecte pas l'obligation constitutionnelle de présenter, à la fin de chaque exercice financier, la loi du règlement budgétaire qui permet de vérifier l'utilisation des dotations autorisées par la loi de finances.