Le processus d'assainissement de l'entreprise, enclenché en 2009, s'est brusquement interrompu au moment où celle-ci avait grandement besoin du soutien financier de l'Etat. La grogne gagne le front social à l'Entreprise des industries électroniques (ENIE) de Sidi Bel Abbès, un des fleurons délaissés de l'industrie nationale. Une assemblée générale des travailleurs de l'entreprise est prévue aujourd'hui au niveau du siège du complexe électronique, a-t-on appris hier auprès du syndicat de l'entreprise. «Les travailleurs de l'entreprise décideront, lors de cette assemblée, de la démarche à suivre face aux nombreux blocages freinant la mise en œuvre du plan de développement de l'entreprise, lequel a fait l'objet de plusieurs résolutions du Conseil de participation de l'Etat», déclare M. Ouafi, secrétaire général du syndicat d'entreprise. Selon le même syndicaliste, le recours à une grève générale, début décembre prochain, n'est pas à écarter. «Les travailleurs ont été gavés de promesses ces deux dernières années ; ils ne comprennent pas pourquoi d'autres entreprises publiques ont bénéficié de mesures d'assainissement et de plans de développements conséquents, alors que l'ENIE demeure toujours à la traîne», explique-t-il sur sa lancée. A ce propos, il tient à rappeler que le processus d'assainissement de l'entreprise, enclenché en 2009, s'est brusquement interrompu au moment où l'entreprise avait grandement besoin du soutien financier de l'Etat, pourtant annoncé en grande pompe. «Le gel de la résolution du Conseil de participation de l'Etat (CPE) prévoyant un plan de développement de 500 milliards de centimes a stoppé net le processus d'assainissement de l'entreprise», indique M. Ouafi. Et d'ajouter : «Nous avons été surpris fin décembre 2009 par le gel de cette résolution (…) Pourtant, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements nous avait adressé une correspondance en janvier dernier nous informant que le plan de développement de l'entreprise ENIE sera étudié avant la date butoir de février 2010. Huit mois après, c'est le statu quo.» S'agissant du partenariat avec les Chinois, annoncé en avril dernier par l'ex-ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, notre interlocuteur est catégorique : «Nous n'avons enregistré aucune avancée sur ce dossier, les Chinois étant plus intéressés par un partenariat avec la filiale Alfatron (située à Hassi Ameur (Oran), ndlr) pour la production de micro-ordinateurs que par la fabrication de téléviseurs au niveau du complexe de Sidi Bel Abbès.» Fin février 2010, une délégation chinoise s'est déplacée à Sidi Bel Abbès où elle s'est contentée de visiter les ateliers du complexe. «Depuis, c'est le silence radio, ils (Chinois) n'ont plus remis les pieds à l'ENIE», confirme un cadre de l'entreprise. Pour l'heure, les questions cruciales relatives à l'effacement des dettes de l'ENIE (1500 milliards de centimes), la relance de l'investissement et la diversification des produits (cartes-mères, panneaux photovoltaïques, circuits imprimés, appareils de télésurveillance…), en sus de l'intégration du téléviseur LCD, demeurent toujours en suspens. La mise en application du plan social (2008-2009), qui s'est traduite par la mise en retraire anticipée de 719 employés, n'y changera rien. «Le dégraissement des effectifs constituait pourtant l'une des conditions exigées pour la relance de l'activité à l'ENIE. Nous avons consenti un lourd sacrifice sur le plan social, sans aucune contrepartie», affirment des syndicalistes qui se disent «floués» par les responsables du secteur de l'industrie. Il est à rappeler que l'ENIE emploie actuellement 1264 travailleurs permanents et quelque 200 jeunes techniciens recrutés en 2009 dans le cadre du préemploi. Face à une très forte concurrence – souvent déloyale –, l'avenir proche de l'ENIE paraît de plus en plus incertain en l'absence de mesures de sauvetage urgentes, font observer des professionnels du secteur de l'industrie électronique. Des mesures promises notamment par l'actuel Premier ministre, mais qui tardent toujours à se concrétiser.