Antonio Cassano était le pilier de l'Italie de la Renaissance, le nouveau sélectionneur Cesare Prandelli en avait fait son n°10 après le désastre du Mondial, mais le prodige a de nouveau dérapé, se retrouve en plein divorce avec son club et ne jouera pas contre la Roumanie en amical, mercredi. «Vieux de merde», l'insulte lancée le 26 octobre au président de la Sampdoria Gênes va poursuivre Cassano longtemps. Il avait pourtant juré s'être assagi, responsabilisé par sa future paternité, une excellente saison 2009-2010 avec la Samp et son statut de dépositaire du jeu de la nouvelle Italie. Mais il n'a pas joué en novembre et ne sera pas du match de préparation à l'Euro-2012 délocalisé en Autriche, à Klagenfurt. «Ce ne serait pas juste qu'un joueur exclu de son équipe pour des raisons disciplinaires soit ici», explique Prandelli. «Nous avons toujours dit que c'était un joueur qui avait besoin d'aide pour s'en sortir quand il est en difficulté, ajoute le sélectionneur. Nous pensions qu'avec le mariage et l'arrivée d'un fils, il avait résolu ses problèmes. Je ne sais pas ce qui a pu se passer, mais je n'abandonnerai pas Antonio.» Fantantonio (28 ans) était pourtant le centre névralgique du système Prandelli (2 buts en trois matches de qualification à l'Euro-2012). «Il sait qu'il a créé des problèmes à la Samp et à la Nazionale, dit Prandelli. Quand il rejouera avec la Samp ou une autre équipe et qu'il aura le bon comportement, il reviendra en équipe nationale.» La procédure de rupture unilatérale du contrat de Cassano, entamée par la Sampdoria auprès de la Ligue italienne, pourrait se terminer avant la fin de l'année. Cassano pourra alors signer ailleurs, s'il ne réintègre pas le club génois, ce que demande une partie bruyante du public, qui, dimanche, a contesté le président Riccardo Garrone. Au stade Marassi, les calicots «Garrone pardonne-lui» commencent à céder la place à des banderoles plus vindicatives : «Pas de Cassano, pas de but» (la Samp a fait 0-0 contre le Chievo Vérone, dimanche), et des «Garrone démission» ont même été entendus. Mais le divorce semble désormais inéluctable. Fantantonio à son tour demande des dommages et intérêts à la Sampdoria pour préjudice porté à son image. «Cassano n'est pas mal éduqué, mais non-éduqué», a dit le président Garrone, rappelant l'enfance du surdoué dans la banlieue difficile de Bari. «Antonio est un garçon intelligent, qui a beaucoup changé, ajoute-t-il, mais il est toujours capable de ces crises de colère incontrôlables.» Au cours de sa carrière, Cassano s'est fâché avec presque tous ses entraîneurs, comme Fabio Capello, à l'AS Rome ou au Real Madrid, ou Marcello Lippi, qui avait refusé de l'emmener au Mondial-2010 malgré le plébiscite des tifosi. «J'ai causé des désastres incroyables, ces dernières années, disait Cassano en début de saison. Je vais rattraper le temps perdu, mon aventure en azzurro (20 sélections depuis 2003, 5 buts) a été un désastre, mais c'est de ma faute.» Se remettra-t-il de ce nouveau «désastre» ?