La métropole de 20 millions d'habitants valait bien le détour. A l'occasion de l'Exposition universelle qui s'est tenue du 1er mai au 31 octobre, au cours de laquelle le pavillon algérien a brillamment décroché une médaille, El Watan Week-end s'est rendu à Shangai. Ouvrez grand les yeux. De notre envoyé à Shangaï A 12 000 km d'Alger, après dix-neuf heures de vol, sous les ailes du super-jet Boeing 777-800 de la Qatar Airways, Shanghai, l'ancienne Perle de l'Orient des colonies britanniques, métropole de 20 millions d'habitants, apparaît à perte de vue sur 800 km⊃2;. L'équivalent de trois wilayas mais… entièrement urbanisées. L'aéroport international de Pudong-Sanghan, au sud-ouest de l'agglomération, à l'embouchure du Yangsi (fleuve bleu) et de la mer de Chine, donne le ton du gigantisme de ce pays qui prend toute sa signification dans cette cité de l'empire du Milieu, la plus commerçante, la plus industrielle, la plus occidentale des villes de Chine. Aujourd'hui, face à l'émergence de nouvelles concurrentes, toutes aussi démesurées, Shanghai continue à revendiquer haut et fort, à l'heure des réformes économiques et de l'ouverture, son statut de capitale économique de la République populaire de Chine. Une revendication qui n'est pas sans rapport avec l'Exposition universelle qui s'est tenue du 1er mai au 31 octobre, la plus grande jamais organisée, en préparation depuis dix ans et qui a transformé Shanghai, révolutionnant les transports et l'urbanisme. En empruntant des autoroutes, qui n'ont rien de commun avec celle réalisée entre Bordj Bou Arréridj et la frontière marocaine, il faut 35 minutes pour parcourir 40 km et se rendre au cœur de l'ancienne cité plusieurs fois millénaire. Voies multiples, ponts suspendus, entrelacs de bretelles qui donnent le tournis, tout cela sur fond de gratte-ciels étourdissants. «Ils ont tout fait tous seuls, me dit mon guide, pas d'Américains, pas de Russes !…» La circulation est fluide de bout en bout, exception faite de quelques frayeurs causées par de brusques embardées qui semblent ici tout à fait coutumières. Le premier cliché tombe. Les voitures sont rutilantes. Tous les modèles de luxe connus foncent à vive allure. Un modèle récent de Rolls Royce nous dépasse rapidement sans bruit. Notre chauffeur chinois nous le fait observer placidement. Pierres précieuses et soieries Shanghai est partagée en deux par un affluent du Yangsi, le Huangpu. Il faut le traverser pour aller de Pudong, la rive droite à Puxi (prononcer Pouchi). Le pont suspendu est une autre œuvre d'art. On l'emprunte pour se rendre sur le légendaire boulevard du Bund qui longe la large voie d'eau et sur lequel les grandes banques mondiales ont leur siège à imposante façade et les prestigieuses marques de luxe leurs boutiques somptueuses. C'est aussi du Bund, témoin de la Shanghai coloniale, que l'on peut observer sur l'autre rive illuminée de Pudong, un îlot d'une cinquantaine de gratte-ciels des années 1930, version identique à celle de Manhattan (New York) de la même époque. C'est l'ancienne icône de Shanghai qui a cédé la place à celle de tours plus hautes comme le Shanghai World Financial Center, haut de 492 mètres, appelé aussi «le tire-bouchon» à cause de sa terminaison en forme de décapsuleur et, bientôt, la Shanghai Tower qui atteindra 632 mètres pour entrer dans le peloton de tête des plus grands gratte-ciels du monde. Au bout du grand boulevard, on prend à gauche, vers l'ouest, pour entrer dans Nankin Avenue où se trouve le légendaire Hôtel de la Paix, la mairie, le Musée des beaux-arts et l'Opéra, de véritables monuments d'architecture. Autre cliché qui tombe : les rues sont larges et il n'y a pas, en dehors des week-ends, ces foules compactes et ces masses d'individus que l'on associe trop souvent à la Chine surpeuplée de son 1,5 milliard d'habitants. Encore un autre coup de barre vers la gauche, au sud-ouest, et c'est la veille Shanghai, une pure merveille d'architecture ancienne. Tout un quartier reconstruit et restauré avec ses habitations à étages et leurs toits aux bords recourbés typiquement chinois, et au centre duquel se trouve un jardin magnifique qui donne son nom à l'ensemble, Yuyan Garden, plus familièrement appelé Yu garden. L'endroit est surfréquenté par les touristes étrangers qui s'égarent dans les rues piétonnières bordées de magasins et boutiques de perles de nacre, de pierres précieuses, de jade, de soieries, de porcelaines d'œuvre d'art, d'artisanat, d'oiseaux, de thé…