La forte tension, qui s'exerce ces dernières semaines sur l'aliment du bétail, particulièrement l'orge et le son indispensables à l'alimentation des vaches laitières et des ovins, a aiguisé, selon une source fiable proche de la Chambre d'agriculture, les appétits gargantuesques des spéculateurs du secteur. « Ceux-là même, précise cette même source d'informations, qui ont la mainmise depuis des décennies sur le marché hypersensible du son (nokhala), et à ce titre, ils sont organisés en un véritable cartel qui exclut toute forme de concurrence, tant les bénéfices engrangés par ce business sont énormes. » Voila qui éclaire et justifie amplement le contenu de la note circulaire adressée aux responsables des CCLS des régions pastorales et agropastorales affectées par des conditions climatiques qui pénalisent pratiquement l'ensemble des éleveurs. Signée conjointement par le directeur général de l'OAIC et du président de la Chambre nationale de l'agriculture, cette note balise dans les moindres détails la seule vente d'orge de consommation, nonobstant celle du son relevant de la responsabilité de Smide, selon nos interlocuteurs de la chambre d'agriculture de la wilaya de Constantine. Dans ce contexte précis, un dispositif drastique, visant à réduire à sa plus simple expression toute forme de spéculation lié à ce produit est précisé noir sur blanc dans cette note qui rappelle que l'expérience de ces dernières années aidant « l'implication de la profession à travers la Chambre d'agriculture est indispensable pour renforcer l'encadrement de cette opération et veiller à l'utilisation de ce produit par les éleveurs bénéficiaires. » Viennent ensuite les conditions auxquelles doivent impérativement répondre les éleveurs concernés pour espérer bénéficier d'un approvisionnement en orge : être détenteur de la carte d'éleveur dûment validée par la Chambre d'agriculture ; disposer d'un certificat de vaccination du cheptel établi par un vétérinaire agréé et contresigné par l'inspection vétérinaire de la DSA et troisièmement présenter une fiche signalétique délivrée par la chambre d'agriculture. En outre, pour éviter toute forme de surenchère ou de spéculation, les autorités de tutelle ont fixé la ration d'entretien de chaque tête de bétail à 200 gr/jour d'orge, tout en délimitant les quantités maximales autorisées à la vente en fonction de l'importance du cheptel réellement détenu par chacun des éleveurs. Se basant sur les pratiques frauduleuses relevées durant les exercices précédents, les initiateurs de cette opération mains propres ont placé la barre encore plus haut en posant d'autres balises de sécurité, et notamment la mise en œuvre d'une cellule de contrôle placée directement sous l'autorité du wali de Constantine. « Elle a pour mission d'opérer des contrôles inopinés afin de veiller à la transparence et à la bonne utilisation de ce produit par les éleveurs bénéficiaires », souligne notre interlocuteur de la Chambre d'agriculture de Constantine, qui précise l'importance de la plus value générée par les spéculateurs qui passeraient à travers les mailles du filet tendu à chacune des étapes de cette opération. « Le prix du quintal d'orge écoulé sur les circuits informels est de 1800 DA alors qu'il est cédé aux éleveurs à 1400 DA le quintal. » Les comptes sont vite faits, sachant que certains cheptels sont formés de plusieurs centaines de têtes.