Nous adressons notre appel aux plus hautes instances du pays pour les inviter à se pencher sur notre cas. Nous somme des fellahs de père en fils. Nous voulons que la compensation de l'expropriation de nos terres se fasse en nature, afin que nous puissions continuer notre métier. » Un sentiment d'injustice profond anime ces deux propriétaires terriens expropriés de leurs biens immobiliers au profit de la zone industrielle localisée à Oued El Bardi. Au départ, nous explique l'un des deux fellahs qui se sont présentés à notre bureau, il était question d'installer un complexe de pneumatiques pour la localisation duquel une vaste opération d'expropriation a été lancée à Oued El Bardi touchant 260 ha de terres privées. L'arrêté d'expropriation en date du 8 avril 1983 faisait valoir alors, selon nos sources, la priorité attachée à la notion d'utilité publique. Ce projet avorté, un autre devait naître peu après : celui de la zone industrielle. « C'est cela qu'ils appellent raison d'utilité publique ? Seuls 10 ou 20 ha ont servi d'assiette à des entreprises d'ailleurs fermées, à l'exception de Cosider, du centre d'enfûtage de bouteilles de gaz et de la tannerie privée », s'indignent nos interlocuteurs avant d'ajouter : « Et nous, ce que nous produisions avant notre expropriation, ce n'était pas d'utilité publique ? Que l'on songe donc aux tonnes de blé qu'auraient donné les 260 ha de bonnes terres depuis l'expropriation à nos jours. » Beaucoup refusent de vendre à une somme dérisoire, malgré le fait accompli. Certains ont actionné la justice. Ali et Merzouk, nos deux interlocuteurs, parlent de hogra en dénonçant le bradage des terres agricoles pour des projets fumeux. Ce n'est pas l'avis du directeur des mines qui développe l'idée exaltante d'une ville industrielle à cet endroit précis.