Le Mois du monologue, organisé du 10 octobre au 10 novembre par le Théâtre régional de Batna (TRB), a baissé le rideau avec un épilogue, pour le moins qu'on puisse dire, pitoyable. La dernière soirée s'est, en effet, terminée en queue de poisson tant la prestation n'avait absolument rien à voir, ni de près ni de loin, avec le quatrième art. Salim Lafhama n'était pas le bon choix pour clôturer cette manifestation ! «Ils auraient pu choisir la représentation qui a eu le plus de succès et la reprogrammer pour clôturer», nous a confié le metteur en scène Chawki Bouzid. La procession sur scène des comédiens, conviés à cette manifestation, s'est pourtant poursuivie un mois durant sans que la salle ne désemplisse, et c'est tant mieux pour la mission que se donne le TRB, à savoir la reconquête du public. «Une mission noble que celle de reconquérir le public, estime le dramaturge Khaled Bouali, seulement, il faut penser à lui offrir de la qualité ! Durant tout le mois, nous ne retiendrons que deux ou trois prestations valables», souligne-t-il. Dominées par l'absence de rigueur et par trop d'improvisations, les pièces proposées se voient dépourvues de l'aspect esthétique qu'exige le 4e art. Cette sottise, qui n'incombe malheureusement pas au seul monologue, mais également au théâtre de manière générale, est illustrée, on ne peut mieux, par la comédienne Tounès de Sétif, dans l'interprétation d'un texte de Lâamri Kaouane. Tounès a eu, en effet, l'audace de promener le spectateur dans les coulisses du théâtre algérien, où les «sous» représentent la première motivation de nos saltimbanques. «Le théâtre a atteint ses limites et il est réduit à un simple gagne-pain», témoigne Lahcen Chiba, scénariste au TRB. Cette motivation leur a donné le vertige au point où le comédien s'érige en auteur, metteur en scène, chorégraphe et cascadeur en même temps ! Mise pour mise, pourquoi ne pas tout rafler ? La comédienne de Sétif, dans un passage loufoque, pousse la caricature à bout et dénonce les inepties qui prônent sur les planches algériennes : «Moi, femme de ménage, chargée de nettoyer les lieux, et l'agent de sécurité qui tient la porte nous avons eu à remplacer les comédiens défaillants», lance-t-elle dans l'une de ses tirades. La distribution des rôles, qui nécessite normalement un casting des plus rigoureux, est faite sur la base d'affinités. Il reste que les artistes qui ont à cœur leur profession n'arrivent toujours pas à enclencher le débat autour des problèmes qui minent le théâtre. C'est le sentiment qui s'est dégagé en marge de la manifestation. L'autre exemple est ce monologue du théâtre de Béjaïa, Contrebassiste, monté en 10 jours ! Alors, cherche-t-on réellement à promouvoir le 4e art ou bien veut-on faire de la figuration pour gonfler les bilans d'activité ?