Après avoir été forcé à s'exiler en 1974, Rachid Ali Yahia revient au pays 36 ans après. Inconnu de la nouvelle génération, Maître Rachid Ali Yahia n'est pourtant pas un anonyme. Alors qu'il n'avait que 16 ans en 1944, il entra de plain-pied dans le combat pour l'indépendance du pays en créant une section des Amis du manifeste et de la liberté. Au lycée de Ben Aknoun, le fief à l'époque de toutes les figures du nationalisme algérien, il militera au sein de la section du Parti du peuple algérien (PPA). Il y obtiendra son baccalauréat en 1948, avant d'entrer dans la clandestinité et chargé d'organiser la Fédération de France. Maître Rachid Ali Yahia sera arrêté en 1950. Il sera condamné à une année de prison ferme. Il poursuivra par la suite des études de droit. Le militant du PPA a été aussi un fervent militant de la cause berbériste et surtout l'un des précurseurs aux côtés de Bénaï Ouali et Ali Laïmèche. Rachid Ali Yahia est l'unique survivant du groupe, puisque tous les militants de la cause berbère dans les années 1940 ont été liquidés physiquement. A l'indépendance, Me Ali Yahia s'inscrira au barreau d'Alger, mais il ne tardera pas, à l'instar de beaucoup de militants nationalistes, à prendre le chemin de l'exil. Il est parti en 1974 et en 1976, il a lancé une formation, le Front uni de l'Algérie algérienne (FUAA). De retour au pays, avant-hier, il a été accueilli à l'aéroport international Houari Boumediène par beaucoup d'anciens militants du Mouvement culturel berbère (MCB) et de personnalités politiques. Dans un entretien qu'il a accordé à la Dépêche de Kabylie, l'ancien militant du PPA affirme qu'il ne revient pas pour «se croiser les bras». A une question sur le regard qu'il porte sur l'Algérie d'aujourd'hui, Me Ali Yahia dit vouloir se donner le temps de prendre «contact avec la réalité du pays» quoiqu'il la suive de près de l'extérieur. «Vous savez, je suis absent, mais l'Algérie ne m'a jamais quittée et je l'ai toujours portée dans mon cœur», répond-il au journaliste. «Toute ma vie je l'ai consacrée à l'Algérie algérienne et vous voulez que je me croise les bras durant les quelques années qui me restent», ajoutera Me Ali Yahia qui semble toutefois apporter un projet dans ses valises. «On verra ça à l'unisson avec tous mes amis. On verra ce qu'il y a lieu de faire», dira-t-il en constatant qu'«il y a actuellement une sorte de stagnation». «Je peux même me permettre de dire que c'est une sorte d'immobilisation», précise Rachid Ali Yahia qui préconise : «Il faut un coup de fouet. Il faut absolument se reprendre et relancer la lutte.»