Il est difficile de parler du secteur de l'immobilier sans évoquer les prix qui y sont appliqués au cours des dernières années. Que ce soit pour des locations ou des acquisitions, logement fini ou sur plan, pour habitation ou pour bureau, les prix flambent, dépassant parfois même l'entendement. Si on admet volontiers que les logements dans les quartiers huppés de la capitale soit cédés ou loués aux prix cher, l'on ne comprend cependant pas comment dans les autres quartiers de la capitale, il soit devenu aussi difficile de trouver une location décente à un prix abordable pour un couple de salariés moyens. Louer à 15.000 dinars ou acquérir un F3 à moins de 20 millions de dinars relève carrément de l'utopie. Pour Abdelhakim Aouidat, vice-président de la Fédération nationale des agences immobilières (FNAI), «c'est la faute aux étrangers». Ce sont eux qui ont contribué avec leur afflux au début des années 2000 à «cette augmentation illogique des prix». Il y avait, dit-il, «beaucoup de demandes émanant d'entreprises ou de représentations étrangères pour des bureaux, des habitations ou des usines». Seulement cela n'explique pas tout. M'hamed Sahraoui, promoteur immobilier et architecte explique que pour la promotion immobilière, «c'est à la fois un problème d'offre et de demande, de spéculation, de coût de réalisation qui a beaucoup augmenté, de coût de la main- d'œuvre et des assiettes foncières». Le promotionnel libre, ajoute-t-il, ne «fait pas du social mais plutôt de l'amélioré ou du standing et donc au lieu d'avoir 63 m2 pour un F3, vous avez 120 m2, ce qui signifie un doublement des prix auquel il faut ajouter le coût du standing. Du coup, le coût de réalisation s'en trouve très élevé». D'une manière générale, c'est «la rareté qui fait s'envoler les prix», explique le promoteur. Pour Mouloud Dahel, directeur général du fonds de garantie et de caution mutuelle de la promotion immobilière, cette demande peut être scindée en deux : celle visant à «satisfaire à un besoin propre en logement et celle qui exprime un besoin de placement de l'épargne». Cette dernière est confortée par «une situation de surliquidité et par la masse monétaire importante qui circule dans le secteur de l'informel et qui va s'investir dans l'immobilier du fait que les taux de rendement pratiqués par les banques sont très faibles». Ainsi, «tous ceux qui ont aujourd'hui une épargne privée préfèrent la placer dans l'immobilier au lieu de la placer à la banque où les rendements sont faibles». Pour ce responsable, «le jour où on agira sur les taux d'intérêt, où il y aura de l'activité ailleurs, où on produira plus de logements, les prix baisseront, mais ce n'est pas demain la veille». Du côté de l'offre, Larbi Chemam, président de l'Union nationale des promoteurs immobilier considère qu'elle reste assez faible. Selon lui, «l'Etat n'a rien mis sur le marché pour augmenter l'offre, au contraire, il a décidé l'incessibilité des logements sociaux participatifs (LSP)», ce qui a pour effet de créer encore des tensions. Selon lui, l'Etat «doit mettre en vente le parc immobilier, même social». Cela étant, on estime que la tendance à la hausse des prix de l'immobilier devrait s'inverser de l'avis même des agents immobiliers. M. Aouidet explique que le marché est actuellement «bloqué et paralysé à cause des prix. Ceux qui veulent louer ou vendre ne trouvent pas de preneurs parce que les gens qui subissaient jusque-là la flambée commencent à comprendre que c'est le marché qui commande et non pas les détenteurs de biens». Par ailleurs, la baisse du flux d'entreprises étrangères en Algérie va contribuer au recul des prix, estime-t-on. Selon M. Aouidet, la demande émanant des multinationales et autres représentations étrangères a reculé de «80% à 90% au cours des dernières années». L'effet observé sur les prix est que «le coût des grandes locations par exemple a diminué de 50 à 60%», d'après le représentant de la FNAI. Et même avec ça, ils ne trouvent pas preneurs.