"La France doit s'attacher à donner une place aux musulmans", tel est l'avertissement que lance l'ambassade américaine à Paris à son Département d'Etat à Washington. Dans un câble diplomatique classé secret, elle analyse, à travers plusieurs angles, la situation de l'islamisme radicale en France. La marginalisation, l'exclusion et la discrimination dont sont victimes les musulmans de France inquiètent les américains. Dans un mémo daté du 17-08-2005, et mis en ligne par Wikileaks mercredi, les observateurs de l'ambassade américaine à Paris dresse un tableau noir du traitement que réserve les autorités françaises à cette catégorie de la population enfermée dans "des banlieues pauvres" situées à "l'extérieur des grandes villes de France". Et même si les américains reconnaissent que la France réussit tant bien que mal à contrer la menace terroriste de l'extrémisme islamiste, ils ne manquent pas, néanmoins, de souligner que l'Hexagone comprend plus de "9000 activistes" susceptibles d'alimenter à n'importe quel moment des filières du "Djihadisme". Par ailleurs, les observateurs de l'ambassade américaine ont même passé à la loupe la situation catastrophique qui règne au sein des prisons françaises où pas moins de 50 % des détenus sont de confession musulmane ! Les mauvaises conditions carcérales et la détresse sociale de ces détenus ont créé un terrain idéal pour les recruteurs de l'islamisme radical, précise ce mémo américain qui révèle par la même occasion des observations "confidentielles" des Renseignements Généraux Français. A ce titre, il est fait mention que 44 % des prisonniers convertis à l'islam tombent sous le charme de la tendance salafiste. Et 49 % de ces nouveaux salafistes n'ont jamais obtenu un diplôme dans leur vie. Plus étonnant encore, ce mémo révèle que les conversions à l'islam prospèrent au sein même de l'armée française où récemment " 3,5 % de militaires français, y compris des officiers, s'étaient convertis à l'islam". L'ambassade américaine tient, tout de même, à nuancer ce constat en affirmant que pour l'heure, rien ne prouve que ces conversions sont liées à des "raisons idéologiques". Le mémo américain n'omet pas également de souligner que la France ne contrôle pas parfaitement le discours religieux produit en Hexagone par des imams dont la majorité ne parlent même pas français et, d'ailleurs, à peine 20 % d'entre eux, disposent de la nationalité française. Tous ses éléments constituent pour les services américains des ingrédients dangereux susceptibles d'alimenter une crise sécuritaire à même de nuire aux intérêts des Etats-Unis. Et ce risque demeure toujours important tant que les autorités publiques françaises rechignent à accepter la communauté musulmane comme une partie intégrante de "la société française".