Le département d'Etat américain exprime ses “regrets” suite à la divulgation, via le site WikiLeaks, de câbles classés “confidentiels”. Le sous-secrétaire d'Etat, chargé du Moyen-Orient, Jeffrey Feltman, s'est exprimé hier, via une conférence de presse par téléphone, regroupant plusieurs journalistes arabes (Algérie, Qatar, Yémen, Jordanie, Egypte, Liban et Angleterre) pour aborder, en long et en large le séisme WikiLeaks. D'emblée, l'ancien ambassadeur US au Liban a reconnu que les fuites de WikiLeaks constituent “une menace pour nos amis et alliés” et “une attaque contre la communauté internationale, nos alliances et nos partenariats”. Elles constituent, toujours selon M. Feltman, “un défi à la protection de nos relations bilatérales”. Estimant que les relations diplomatiques sont basées sur la confiance, il reconnaîtra que “cette confiance a été ébranlée à cause de ces fuites”. Toutefois, il martèlera que son gouvernement continuera à travailler avec ses partenaires afin de “rebâtir cette confiance”. Tout en se disant “révolté et furieux” contre les fuites de WikiLeaks, le sous-secrétaire d'Etat chargé du Moyen-Orient s'est longuement attardé sur les procédures d'usage en matière de diplomatie, affirmant que ces câbles constituaient le lot quotidien du travail des diplomates de par le monde, et qu'à travers les informations qui s'y trouvent, l'administration américaine prenait ses décisions. Tout en confirmant qu'aucun diplomate en poste à Alger n'était sur le point d'être transféré, Jeffrey Feltman a indiqué que l'enquête suit son cours, pour comprendre comment ces fuites ont été organisées. Il dira que son gouvernement compte punir les auteurs. On parle d'un fonctionnaire du gouvernement américain qui aurait transmis ces câbles à un élément du site WikiLeaks. Mais au stade actuel des investigations, on préfère rester prudent du côté de Washington, même si M. Feltman exclut l'implication de services secrets étrangers dans une telle affaire. Pour ce haut responsable du département d'Etat, il ne s'agit pas de regarder dans le rétroviseur, mais de privilégier les intérêts mutuels entre les USA et ses partenaires. S'il est vrai que ces fuites constituent un véritable défi pour l'administration américaine, dans la mesure où elle a été incapable de protéger ses sources et ses partenaires. Les conséquences de ces fuites restent incommensurables. On voit ce que ça provoque au Liban, où les fuites pourraient être utilisées pour solder des comptes entre belligérants. On le voit également avec l'Iran et ses relations avec ses voisins. Mais c'est surtout, la confiance qu'avaient les partenaires des USA en ses représentants qui est ébranlée. Des diplomates américains nous ont avoué leur gêne et leurs inquiétudes, quant à la sécurité des personnes qui leur faisaient confiance, “certains sites jihadistes ont promis de se venger des personnes citées dans ces câbles divulgués par WikiLeaks” ou encore “dans certains pays croulant sous la dictature, on imagine le sort qui serait réservé aux défenseurs des droits de l'homme qui se sont confiés à nous”. Pour Jeffrey Feltman, le département d'état, qui passe son temps à demander des excuses à ses partenaires et à les rassurer, compte remédier à cette situation, à travers trois étapes : exprimer les regrets du gouvernement américain aux amis et partenaires des USA, mieux protéger les informations et les relations avec les partenaires, et surtout, insister sur la poursuite des relations diplomatiques.