-L'Algérie a signé en 2009 la Convention relative aux droits des handicapés, pensez-vous que les personnes handicapées jouissent aujourd'hui de tous leurs droits ? Effectivement, l'Algérie s'est engagée pour que les droits des personnes handicapées soient garantis. Cette convention inscrit la question des personnes handicapées en termes de droits de l'homme. Un rapport sera justement remis aux Nations unies d'ici 2012 où il sera porté toutes les mesures initiées par l'Algérie dans ce cadre là. Malheureusement, le comité interministériel qui sera chargé d'élaborer ce rapport n'est pas encore installé. Les Tunisiens ont déjà remis leur rapport. Il est clair donc, que les personnes handicapées souffrent sérieusement de manque de prise en charge adaptée notamment le droit aux soins de réadaptation. L'exemple des enfants souffrant de l'infirmité motrice cérébrale (IMC) est édifiant. La prise en charge est inexistante. Actuellement, un réseau de pédiatres tente de soulager la douleur de ces enfants mais cela reste insuffisant. -Le plus grand nombre de handicapés, à savoir les accidentés de la route, rencontrent énormément de difficultés dans leur prise en charge. Qu'en est-il ? C'est souvent des paraplégiques qui ont du mal à se réadapter et se réinsérer faute de soins adaptés et de centres spécialisés. La prise en charge est désastreuse. La plupart d'entre eux sont des jeunes qui voient leur vie brisée. Ils sont hospitalisés durant des mois dans les deux établissements qui existent uniquement à Alger pour sortir souvent avec des séquelles encore invalidantes (escarres, hanches bloquées et problème de vessie) etc. C'est une mort différée. L'appareillage orthopédique est également un autre handicap. Faute d'appareilleurs professionnels, certains appareillages risquent de ne pas être disponibles, tels que les corsets, les prothèses pour amputés etc. Il est important de former un personnel qualifié et réactualiser les connaissances pour la production de tels appareillages. Où se pose réellement le problème ? Nos hôpitaux doivent se mettre à jour, et on doit arrêter de dire que tout va bien. Il y a l'urgence d'une formation continue du personnel travaillant dans les centres qui doit s'inscrire dans cette vision d'accès aux droits et à l'insertion. C'est ce qui manque. Il est question de revoir toute la politique de la prise en charge des personnes handicapées.