Des monuments classés patrimoine national n'ont fait l'objet d'aucun projet de restauration. Sétif et sa région ont hérité des différentes civilisations d'innombrables vestiges et d'inestimables trésors. Sous forme de sites et monuments, ces richesses qui auraient pu être exploités dans le secteur touristique, n'existant toujours pas, se trouvent dans un piteux état. De nombreux vestiges massacrés, une première fois en l'an 429 par les vandales, font à nouveau, et au nom d'une urbanisation irréfléchie, l'objet d'un massacre à «huis clos». De la nécropole située à l'est de Sitifis qui s'étendait sur une superficie de 1 km2, il ne reste plus rien. Le mausolée de Scipion l'Africain, qui date de la fin du IIIème siècle ou du début du IVème siècle après Jésus-Christ, est à moitié enseveli. Sa partie inférieure où se trouve la chambre funéraire a été «enterrée». Ce mausolée, qui immortalise le passage des Romains actuellement étouffé par le béton d'une nouvelle cité, méritait plus que de l'attention. Le quartier du temple, situé au nord-ouest de la citadelle byzantine, n'a pas échappé à l'oubli et au manque d'entretien. Et dire que ce lieu n'a toujours pas livré tous ses secrets, tout comme le quartier des basiliques et le cirque. Le quartier de la citadelle byzantine qui était le noyau de la cité romaine, classé le 19 février 1979 par le gouvernement algérien sur la liste du patrimoine national, a été massacré par les représentants de ce même gouvernement. Eu égard, donc, à son importance archéologique et culturelle, l'espace a été promu comme patrimoine mondial, sous l'égide de l'Unesco. Malheureusement, les esprits «éclairés» de l'époque ont transformé ce centre, protégé par les Fatimides, les Byzantins ainsi que les Français, en parc d'attraction qui fait encore et toujours couler beaucoup d'encre. Des trésors saccagés Les différentes fouilles entreprises sur les lieux ont pu permettre de découvrir une mosaïque (1976), des vestiges romains des IIème au IVème siècle et un quartier musulman datant des IXème et XIIème siècles. Ces trésors, qui ont donné une autre dimension historique à l'antique Sitifis, ont été non seulement ensevelis, mais carrément saccagés. Et ce n'est pas tout, le site médiéval d'Ikdjane (Béni Aziz) souffre de l'isolement. Les vestiges de Mons (Béni Fouda), Aïn Soltane (Aïn Lahdjar), Mezloug, Béni Ourtilane, Djemila, Aïn Boucherit et surtout Aïn Hanech (l'un des plus vieux et des plus importants gisements de la préhistoire en Afrique du Nord) sont délaissés, car ils ne sont pas la priorité des gestionnaires des collectivités et du département de la culture. Ces derniers ne mesurent pas l'importance de ces vestiges considérés comme un cimetière de pierres insignifiantes et non comme la mémoire vivante de riches et ancestrales civilisations. Construite vers l'an 419, la grande muraille byzantine attend à l'instar des autres vestiges une réhabilitation. Le dossier de la célèbre fontaine Aïn Fouara, exposée aux aléas du temps et des agressions de l'homme, n'est toujours pas ouvert. Après l'attentat de 1997, la statue allégorique, qui constitue avec les vestiges de la civilisation romaine l'une des plus belles œuvres d'art de l'antique Sitifis, est une deuxième fois agressée à coups de marteau un vendredi 31 mars 2006. Cette attaque a fortement abîmé la joue gauche, le nez et la bouche de la mythique. Rappelons qu'en 1998, la statue a fait l'objet d'une sérieuse expertise réalisée par un sculpteur français. La restauration préconisée demeure un vœu pieu. Dire que depuis des années, l'eau qui s'échappe des interstices provoque de sérieux dommages à l'assise en pierre. Il est urgent de chercher l'origine de ces écoulements afin de les arrêter. Cela suppose l'enlèvement de la statue pour mettre à nu les parties intérieures des canalisations et localiser les avaries. Ne devant en aucun cas être bloquée pour une histoire d'argent, la restauration de la femme à l'amphore, qui est une urgence absolue, attend un signal d'en haut…