Les fortes chutes de pluie n'ont pas dissuadé les nombreuses familles mélomanes d'Alger, Blida, Koléa et de Tipasa, venues assister à la seconde soirée musicale du festival. M'Barek Dekhla, l'enfant d' Annaba, était accompagné par l'ensemble régional de Constantine, dirigé par Samir Boukhedira en première partie de cette soirée. Le détenteur du 2e prix du concours Alhane oua chabab en 1984 a gratifié le public présent d'un ensemble de chants andalous issus de l'école de Constantine. L'orchestre de l'Ensemble régional de Constantine s'est illustré par une bonne prestation qui a mis à l'aise M'Barek Dekhla tout au long de son passage. Comme il fallait s'y attendre, les voisins marocains n'ont pas failli à la tradition. Enveloppés dans leurs tenues traditionnelles et leurs têtes coiffées par des chéchias, les onze musiciens et le mounchid (chanteur, ndlr) de l'orchestre Chabab al andalous de Rabat se sont rapidement imposés sur la scène pour enflammer le public au fur et à mesure de leur production. Khalid Laoufir, au piano électrique, entraînait ses complices musiciens et le chanteur d'aller crescendo, d'une métaphore à une autre, dans leurs interprétations, jusqu'à transporter les mélomanes dans les horizons lointains de l'amour au sens propre du terme. Orchestre pour la musique et chœur pour les chants à la fois, les artistes marocains avaient fait tanguer les familles présentes. La symbiose s'est installée entre la scène et le public. Rebab, violoncelle, 4 violons, 2 oûd, taar, derbouka et piano électrique dégageaient des airs musicaux qui ont fait entrer le public en transe. Le jeune mounchid Ahmed Merbouh, un pur produit du célèbre Hadj Badjdoub, un des monuments du chant marocain, enseigne la musique aux enfants à Dar-El-Ala de Casablanca. Il s'est levé aussitôt de sa chaise pour inviter l'assistance à se rapprocher de la scène. Toute l'assistance l'accompagnait alors dans ses chants soufis à travers les refrains. Ahmed Merbouh a magistralement interprété des mélodies de Nouba el maya, Nouba hidjaz el kabir et d'al fiyachiya avec une voix pure et limpide. Les paroles soufies exprimées durant les derniers instants du tour de chant de Chabab al andalous avaient radicalement transformé le chapiteau. Des personnes n'ont pas se retenir pour danser aux rythmes des chansons. Benblidia Hamid, le discret commissaire du festival, applaudit chaleureusement. Les responsables de l'Association Dar-El-Gharnatia de Koléa sont aux anges. Les familles ne voulaient pas quitter le chapiteau. Il est presque zéro heure. La pluie continue à tomber à l'extérieur du chapiteau. Les artistes de Chabab al andalous, qui venaient d'offrir des moments magiques et d'évasion au public lors de cette deuxième soirée, ont été récompensés par les autorités. La communion entre les musiciens marocains et le public algérien était parfaite. Cette troupe musicale de Rabat composée de musiciens amateurs vient de se produire pour la cinquième fois en Algérie.