La vallée de Ghardaïa a abrité les 13 et 14 novembre la Fête nationale de la datte, qui a été célébrée dans une ambiance festive. L'Organisation arabe pour le développement agricole (OADA) de concert avec le ministère algérien de l'Agriculture et du Développement rural ont profité de cette occasion pour établir un état des lieux des dispositifs de lutte contre la maladie d'el bayoudh qui menace la production de dattes dans quinze pays arabes, et plus précisément l'Algérie, le Maroc et la Mauritanie. Un atelier a été organisé pour faire le point et peaufiner les programmes qui ont été lancés pour combattre ce champignon très virulent. En Algérie, où la lutte est chapeautée par l'Institut national pour la protection des végétaux (INPV), l'enjeu est d'empêcher l'avancée de cette pathologie vers le sud-est du pays qui englobe Biskra, El Oued, Ouargla et Illizi. La production de Deglet Nour qui est la fierté de l'Algérie et qui est la plus sensible des variétés, y est concentrée, et si jamais elle est contaminée par le bayoudh, elle risque la disparition pure et simple. D'autant plus qu'il n'existe pas encore de traitement efficace contre ce fléau qui se transmet à travers le sol. Tout cas signalé impose la destruction de l'arbre malade. La recherche focalise actuellement pour le développement de variétés résistantes à cette maladie vasculaire du palmier dattier. El bayoudh a fait son apparition en Algérie à la fin du XIXe siècle en provenance du Maroc. Depuis plus de 1,5 million de plants ont été décimés au sud-ouest du pays, notamment à Béchar, à Adrar et quelques communes de Ghardaïa. Sa progression a été stoppée grâce au dispositif de mise en quarantaine, mis en place par la police phytosanitaire. Dispositif qui prévoit, entre autres mesures, l'interdiction d'importation de plants à partir de pays où la maladie existe. Il est également prohibé de déplacer un plant d'une zone contaminée en Algérie pour le planter ailleurs. Ces dispositions ont permis de juguler El bayoudh et de protéger ainsi le fief de la production phoénicicole qui représente une richesse non négligeable pour l'Algérie. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, n'a pas manqué d'ailleurs de souligner l'importance de cette culture dont les produits sont en deuxième position en matière d'exportation après les hydrocarbures. Lors de son allocution d'ouverture de l'atelier de l'OADA, Saïd Barkat a exprimé son inquiétude de voir certaines variétés qui n'ont pas une grande valeur marchande disparaître. Aussi, le ministère a décidé d'imposer aux producteurs qui bénéficient du soutien de l'Etat de consacrer 20% de leurs plantations à ces variétés afin de préserver la diversité et le patrimoine phytogénétique. Le ministre a évoqué une autre maladie qui fait également des ravages dans la production phoénicicole, à savoir le bouffaroua-meloïze. Ce dernier cause une perte de 20% des récoltes annuellement. Cette année 3,5 millions de palmiers-dattiers ont été infestés et traités sur les 17 millions que compte l'Algérie par les services compétents. Dernièrement, une nouvelle technique de lutte biologique a été expérimentée. Elle consiste à faire un lâcher d'insectes stériles pour arrêter la prolifération des vers que le ministre a qualifiés de « ver de la honte ». Il considère en effet qu'il est inconcevable que les dattes exportées soient contaminées par cette maladie. En raison de cette contrainte et d'autres facteurs liés notamment au transport maritime et à l'absence d'engouement des opérateurs économiques, les exportations restent très dérisoires si l'on tient compte des potentialités existantes. La production est en constante augmentation depuis cinq ans passant de 345 032 t en 2000 à 516 320 t en 2005.