Le juge du pôle judiciaire spécialisé de Sidi M'hamed près la cour d'Alger a procédé à la mise en liberté provisoire de trois prévenus placés en détention, dans le cadre de l'instruction relative aux malversations liées aux marchés de réalisation de l'autoroute Est-Ouest. Selon des sources proches du dossier, il s'agit des deux frères Bouzenacha, qui faisaient dans le commerce informel de la devise à Hydra, et de Addou Sid Ahmed, le neveu de Addou Tadj Eddine (toujours en détention provisoire), propriétaire d'une poissonnerie à Beni Saf, wilaya de Aïn Témouchent. En septembre 2009, lorsque le scandale avait éclaboussé de nombreuses personnalités politiques, hommes d'affaires et cadres de l'Etat, ils étaient huit à avoir été inculpés et mis en détention, pour, entre autres, association de malfaiteurs, malversation, violation de la réglementation liée au code des marchés publics, corruption, blanchiment d'argent, abus d'autorité et acceptation de droits indus. Aujourd'hui, ils ne sont plus que quatre, Mohamed Khelladi, ancien directeur des nouveaux projets au sein de l'Agence nationale des autoroutes (ANA), Hamdan Salim, directeur de la planification et de la coordination des nouveaux projets au ministère des Transports et les deux hommes d'affaires, Mejdoub Chani, représentant de la société chinoise Citic en Algérie, et Addou Sid Ahmed Tadj Eddine qui sont à l'origine des graves révélations sur les malversations et la corruption ayant entaché l'octroi des marchés dans la réalisation de l'autoroute, mais également dans ceux liés aux projets de tramway et de téléphérique. Force est de constater qu'après l'avoir amputé d'une partie importante dans laquelle de grosses pointures ont été citées sans pour autant être auditionnées, le dossier est en train de perdre de sa consistance. Pour certains avocats, si la décision du juge de placer en liberté provisoire les deux frères Bouzenacha se base sur «la demande argumentée» introduite par leur défense, celle qui concerne Addou Sid Ahmed suscite de «lourdes interrogations». Selon eux, «cette mise en liberté est exceptionnelle du fait que le juge a décidé de son propre chef de relâcher l'inculpé. Ce qui n'est pas dans les usages de nos magistrats instructeurs, surtout quand il s'agit d'affaires aussi importantes où les interférences et les injonctions sont monnaie courante». Il est donc à craindre que l'affaire soit réduite à sa plus simple expression pour faire d'elle la montagne qui accouche d'une souris, dans le seul but d'éviter aux «grosses pointures», dont les noms ont été cités par les mis en cause, de rendre des comptes à la justice.