Comme en 2009, la région du Sahel s'est caractérisée cette année par une forte activité terroriste. Les terroristes islamistes, réunis sous la bannière d'Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI), ont mené une série d'enlèvements d'étrangers dont le plus spectaculaire a été le kidnapping, le 16 septembre dernier, dans le nord du Niger, d'un groupe d'employés de la firme française Areva et de Satom, filiale du groupe Vinci de bâtiment et de travaux publics. Les sept personnes enlevées à Arlit sont cinq Français, un Togolais et un Malgache. Ils sont à ce jour entre les mains d'AQMI. Dans un enregistrement audio diffusé, le 20 novembre dernier, par la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera, le chef d'AQMI, Abdelmalek Droukdel, a affirmé que Paris allait devoir traiter avec Ben Laden pour obtenir la libération des cinq otages français retenus au Mali. AQMI exige en outre de la France qu'elle retire ses troupes d'Afghanistan pour libérer les otages qu'elle retient. Cinq mois auparavant, le 19 avril 2010, un autre Français, Michel Germaneau, 78 ans, et son chauffeur algérien sont enlevés dans la même région. Le 22 juillet, l'armée mauritanienne mène une opération contre «une base» d'Al Qaîda «dans le désert» et y tue des «terroristes armés». Paris confirme y avoir participé avec l'objectif de retrouver Michel Germaneau. Toutefois, l'opération échoue lamentablement. En guise de représailles, AQMI s'en prend à ses otages. Le 25, le chef d'AQMI, Abou Moussab Abdelwadoud, annonce dans un enregistrement sonore que Michel Germaneau a été exécuté. Devant la grave dégradation de la situation sécuritaire au Sahel, les entreprises françaises, particulièrement ciblées par les responsables d'AQMI, ont décidé d'évacuer tous leurs salariés expatriés. Outre le personnel d'Areva présent à Arlit et sur le site d'Imouraren, future mine géante d'uranium, cette décision s'applique également aux Français établis au Mali, en Mauritanie et au Burkina Faso où une activité terroriste a été récemment signalée. Des spécialistes des mouvements terroristes estiment qu'en renvoyant Paris à Oussama ben Laden pour négocier le sort des otages du Sahel, le chef d'AQMI parachève l'entrée des éléments dans le «djihad global». La tournure prise par les événements serait, selon eux, mauvais signe pour ses captifs (5 Français, 1 Togolais et 1 Malgache). La raison ? Les mêmes experts soutiennent en effet que les conditions posées (négociations directes avec Ben Laden pour le sort des otages et retrait de l'armée française d'Afghanistan) sont tellement exorbitantes qu'elles laissent présager d'une longue détention dans le désert pour les personnes kidnappées en septembre au Niger.