Contrairement à ce qui a été annoncé par les organisateurs, la 9e édition du Salon international du livre ne s'est pas déroulée dans de bonnes conditions. Elle a été entachée de plusieurs irrégularités et insuffisances au niveau de la gestion de cet événement. Les dix jours qui ont ponctué la tenue du salon qui s'est déroulé à la SAFEX des Pins maritimes, ont été, pour certains exposants, pour ne pas dire pour la plupart, un véritable calvaire, eu égard aux problèmes d'ordre organisationnel rencontrés quotidiennement. Dès le premier jour de l'inauguration, lesdits problèmes ont surgi et ce, au grand dam des exposants algériens... et étrangers. Si le directeur général de l'ANEP et organisateur du 9e SILA soutient que le salon a été une réussite, il n'en demeure pas moins que les participants ne l'entendent pas de cette oreille. Un doigt accusateur est pointé vers les organisateurs. En effet, la majorité des participants estime que l'ANEP n'a pas toutes les compétences exigées pour organiser un tel événement. La logique aurait voulu que ce salon soit confié aux professionnels de la chaîne du livre. Dès lors, les langues se sont déliées pour dévoiler ce genre de pratiques inadmissibles. Ne mâchant pas ses mots, le directeur des éditions Casbah et président du Syndicat des éditeurs algériens du livre, Smaïn Améziane, estime que ce « salon est une honte. Les organisateurs n'ont pas été à la hauteur. Le directeur de l'ANEP aurait subi le diktat des Libanais pour fixer la date du 8 au 18 septembre. » Il semble, en effet, que les Libanais devaient participer à un autre salon à Beyrouth à partir du 18 septembre. Dans la foulée des protestations, M. Améziane ne manquera pas de dire que ce qui s'est passé durant ce salon « est inacceptable. C'est un manque de respect », s'insurge-t-il. « J'ai des documents à l'appui qui prouvent que ce salon n'a pas été organisé pour les Algériens mais pour les Libanais. C'était une véritable pagaille. Preuve en est l'espace qui n'était pas climatisé, les stands qui n'étaient pas répartis d'une manière très étudiée et les organisateurs qui étaient absents. Les plus grands trabendistes du Moyen-Orient ont eu la priorité sur ce salon au détriment des éditeurs. » Et de poursuivre énergiquement : « Comment le règlement interne a-t-il autorisé la forte sonorisation qui a diffusé des versets coraniques ? C'est inacceptable. Je me pose des questions. » Smaïn Améziane n'y va pas avec le dos de la cuillère pour annoncer que le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, sera saisi par écrit, comme il exige qu'une enquête soit ouverte pour faire toute la lumière sur ce salon. Abondant dans le même sens, le directeur des éditions Chiheb pense qu'on ne confie pas l'organisation d'un tel salon à une entreprise. « Il y a eu certes des initiatives louables, mais si les professionnels s'étaient impliqués le résultat aurait été meilleur. Les responsables étaient absents. La climatisation était inexistante. C'est impensable, on ne peut pas organiser un salon sans impliquer, les éditeurs nationaux et certains ministères, lesquels doivent être partie prenante de cette organisation. Ce salon ne peut pas appartenir à l'ANEP. Il appartient à toute la société civile », dit-il sur un ton très animé.Le premier responsable de la librairie du Tiers-Monde, M. Ali Bey, à qui a été confié le stand de Hachette-scolaire, voit en toute manifestation de ce genre un point positif : « J'aurais voulu que ce soit un salon vitrine où les libraires exposent. Il faudrait que l'achat d'ouvrages se fasse tout au long de l'année et que le salon ne revête pas un cachet commercial. Il était regrettable de constater que l'inauguration s'est faite sans la présence d'éditeurs étrangers. Leur marchandise était bloquée au niveau de la douane. » Notre interlocuteur évoque le manque flagrant d'organisation. Il se demande comment les livres religieux ont pu être écoulés comme des petits pains alors que les prix des autres livres étaient exorbitants. Il ajoute que la date de la tenue du salon n'était pas un a priori. En guise de conclusion, M. Ali Bey espère que les leçons seront retenues pour la prochaine édition. Pour le premier responsable des éditions Marsa, Aïssa Khelladi, le salon s'est déroulé, dans l'absolu, relativement bien. Il n'y a pas eu de problèmes mais des dysfonctionnements : « Il y a eu certes le problème de climatisation et de signalétique des stands, mais dans l'ensemble cela s'est très bien passé. » Il a tenu à souligner que le phénomène de la littérature religieuse a donné un cachet particulier au salon. La prédominance de ce genre de livres a déséquilibré la vocation de ce rendez-vous livresque. « Il y a un problème dans notre société. Il appartient aux spécialistes de faire des analyses pointues sur la question et aux pouvoirs publics de trouver une solution. La création ne se porte pas bien chez nous. Et ce, à travers ce qu'on a pu voir dans le salon. Il faut que les pouvoirs publics prennent en considération ce phénomène afin que le salon ne soit pas uniformisé. On espère que l'année prochaine sera meilleure et la création plus florissante. » Le directeur des éditions Ouma avance qu'au niveau de ce salon, il y avait n'importe quoi. Ce salon s'est assimilé à un souk. « L'organisation était catastrophique. Il n'y avait aucune information sur le déroulement des rencontres littéraires et autres. Il n'y avait pas d'interlocuteurs crédibles pour une quelconque information ou doléance. L'ANEP excelle dans le marketing, pourquoi alors lui avoir confié le salon ? », s'interroge-t-il.