Polémique n Smaïn Ameziane, commissaire du festival du Salon international du livre d'Alger, était, hier, l'invité du Forum El-Bahdja. Celui-ci est revenu sur la polémique concernant la tenue de la 14e édition du Sila, notamment sur la délocalisation du Salon. «Je n'ai aucun problème avec la Safex», a déclaré Smaïn Ameziane. «Si on est arrivé à transférer le Salon de la Safex vers l'esplanade du complexe sportif du 5-Juillet, c'est seulement en raison d'un souci de timing et de planning.» Selon lui, il lui a fallu un interlocuteur, une réponse – de la part de la Safex – sur le déroulement, les conditions et les modalités de la tenue de la 14e édition du Sila. «Mais jusqu'au mois de septembre, a-t-il poursuivi, aucune réponse n'a été donnée. A partir du 8 septembre il me fallait prendre une décision pour délocaliser le Salon parce que jusqu'à cette date, on ne savait pas si oui ou non le Sila allait se tenir à la Safex alors que les contacts avec les éditeurs étrangers étaient déjà entamés.» Le Salon international du livre d'Alger est désormais un festival. Il a un statut juridique. Il a été institutionnalisé par le ministère de la Culture dont il relève désormais. Auparavant, il existait un comité chargé de son organisation ; aujourd'hui, le Salon a un commissaire qui se charge de son organisation matérielle. Les propos de Smaïn Ameziane semblent pour le moins contestables. Ils manquent de clarté parce qu'un événement de cette importance ne se prépare pas la veille. Lorsque les portes de la 13e édition du Salon international du livre d'Alger se sont fermées, les différents acteurs et départements du comité d'organisation sont amenés, après avoir tracé le bilan de l'édition qui venait de se terminer, à se réunir et à se concerter sur la prochaine édition, à réfléchir sur les modalités d'organisation de la prochaine édition. En outre, l'annonce de l'institutionnalisation du Salon ne devrait pas se faire à seulement quelque temps avant la tenue de la prochaine édition. Ce qui est sûr, c'est que dans cette affaire, tout semble avoir été fait en catimini et dans l'opacité. La 14e édition du Sila manque manifestement de transparence et de tangibilité. La délocalisation du Sila tout comme sa transformation en festival, tout cela a été rendu public à seulement un mois avant sa tenue sans que ne soient informés ni la Safex, ni le Syndicat national des éditeurs du livre (Snel), le Syndicat des professionnels du livre (Spl), ni encore l'Association des libraires algériens. Personne ne s'attendait à de telles mesures. Certains qualifient cela de machination et de conflit d'intérêts. Tous s'est fait du jour au lendemain, d'où d'ailleurs les réactions tranchantes des professionnels du livre. l L'ancien staff, (Snel, Spel et Asilia), a été écarté pour être remplacé. En outre, ce qui est étonnant, c'est que Smaïn Ameziane se retrouve à la tête de deux festivals, celui du livre et de la littérature de jeunesse en juillet ainsi que de celui du Salon international du livre d'Alger. Les contestataires dénoncent un monopole sur l'organisation du Salon et crient à une magouille financière. L'institutionnalisation du Sila se révélerait comme un procédé destiné à remanier l'organisation du Salon et à remplacer les acteurs chargés de la mission. Souvenons-nous du Silja (le Salon international du livre de jeunesse d'Alger) qu'avait initié pendant plusieurs années la Bibliothèque nationale, lorsque Amin Zaoui était à la tête de cette dernière. Le Festival international du livre et de la littérature de jeunesse s'est substitué au Silj et Amin Zaoui, l'initiateur de ce salon, a été évincé pour être remplacé par Smaïn Ameziane parce qu'un différend l'opposait au ministère de tutelle. Assisterions-nous à des règlements de compte et à un accaparement du Salon – et des festivals – ?