La fondation allemande Friedrich Ebert a organisé hier une conférence débat avec Abdelkader Djelfat, président du réseau Maghreb Technologie et professeur chercheur dans le domaine du « savoir économique » à l'université de Lille (France). L'expert a fait un long e xposé sur « Les nouveaux défis de l'entreprise algérienne », choisi comme intitulé générique de son intervention. D'emblée, il fera remarquer aux journalistes que « ces nouveaux défis » n'ont rien à voir avec ce qui se faisait jusque-là en termes d'audit et autres contrôles de gestion. Il a plaidé pour l'intégration de la dimension technologique dans le processus de mise à niveau de l'entreprise pour pouvoir faire face, à armes égales, à la concurrence de ses homologues étrangères. « La croissance d'une entreprise repose essentiellement sur la connaissance, avec comme moteur l'innovation et le changement. » Telle est la thérapie préconisée par le professeur Djelfat pour « soigner » le management des entreprises algériennes appelées, dans la perspective d'une zone de libre-échange avec l'Union européenne et d'adhésion à l'OMC, à vaincre ou à disparaître. Pour survivre, elle doit être suffisamment outillée technologiquement en investissant aussi bien dans « les actions matérielles (achat d'équipements...) et les actions immatérielles, c'est-à-dire les connaissances ». Aux yeux de l'universitaire, l'enjeu actuel pour les entreprises est justement la maîtrise du savoir à travers la gestion des compétences et la mise en place de systèmes d'information internes et externes performants. Une bonne gouvernance de l'entreprise autrement dit. C'est à ce prix que les entreprises algériennes pourront réussir leur mise à niveau et devenir compétitives dans une économie globalisée. Or force est de constater, d'après le professeur Djelfat, que les nouvelles technologies de l'information sont pratiquement le parent pauvre des plans d'investissement de ces entreprises, à quelques exceptions près. La preuve, selon une étude récente, seules 500 PME algériennes ont plus ou moins consenti des investissements immatériels. Plus grave, 44,3% des petites et moyennes entreprises n'ont strictement rien investi dans les TIC, révèle une étude citée par le conférencier. En revanche, précise-t-il, dans les pays de l'OCDE une moyenne de 28,2% du PIB est investie dans les nouvelles technologies et 36% du PIB au Japon. Le professeur Djelfat note également la nécessité pour les entreprises algériennes d'« établir une coopération étroite avec les universités » et d'intégrer les réseaux afin de bénéficier du savoir-faire et des standards de gestion de leurs homologues. « Il faut que les managers algériens se départissent de cette mentalité d'assistés qui consiste à attendre que l'innovation leur vienne d'ailleurs. » En résumé, notre expert note que la compétitivité d'une entreprise est avant tout liée à son savoir économique. C'est cela le vrai défi.