«La fondation Friedrich Ebert n'est pas au service d'une certaine approche donnée de tel ou tel organisme syndical.» «Nous sommes étonnés par cette sortie émanant du secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) M.Abdelmadjid Sidi Saïd. Il nous semble qu'il se trompe de cible», a déclaré tout de go le chargé de programme au niveau de la fondation Friedrich Ebert, M.Ahmed Amrani, à propos des récentes déclarations du patron de la Centrale syndicale quant au séminaire qu'a organisé sa Fondation sur l'activité syndicale en Algérie. Notre interlocuteur souligne que «la fondation Friedrich Ebert n'est pas au service d'une certaine approche donnée de tel ou tel organisme syndical» Et d'enchaîner: «Nous nous considérons dans notre rôle en matière d'alimentation de débat sur des questions d'actualité.» Plus explicite, il ajoutera que «les Algériens qui ont pris part à notre séminaire portant sur l'activité syndicale, se sont exprimés librement quelle que soit leur approche. Nous avons invité une panoplie de partenaires avec un seul objectif, celui de favoriser la confrontation entre différents points de vue. Ainsi, ce n'est pas notre fondation qui a apporté des jugements sur tel ou tel organisme syndical.» Et de conclure: «Nous rappelons que les relations de la fondation avec l'Algérie et même l'Ugta remontent à la guerre de la Libération nationale.» Pour rappel, cette polémique est née à la suite des propos tenus par les invités de la Fondation ayant trait à l'activité syndicale en Algérie. En effet, la Fondation a organisé, durant ce mois, une série de débats portant essentiellement sur l'économie sociale, notamment sur les libertés syndicales en Algérie. Les débats animés par des experts algériens, dont Abdelmadjid Bouzidi, en sa qualité d'ancien conseiller économique de l'ancien président Zeroual, Mustapha Mekidèche, Mourad Boukella, Ammar Belhimer....ont abordé plusieurs thèmes ayant trait aux hydrocarbures, à l'agriculture, à l'industrialisation et au pluralisme. Au cours de ces débats, les chiffres officiels relatifs au taux de chômage et des différentes politiques agricoles ont été remis en cause. Ce qui n'a pas été du goût du patron de l'Ugta qui les a qualifiés de «jugement de valeur» à l'encontre des différentes actions du pays. Dans une déclaration en marge du symposium sur l'économie fondée sur la connaissance, dont les travaux se sont ouverts mardi dernier au Palais des nations, M.Sidi Saïd a affirmé que la fondation allemande «ne fait pas son travail tel qu'il a été déterminé. Elle dépasse ses prérogatives et ses missions en Algérie», ajoutant qu'«autour de certaines conférences, elle va même jusqu'à apporter des jugements de valeur sur les différentes actions du pays? que ce soit dans le domaine social ou économique» estimant qu'«il faut reconsidérer la présence de cette fondation en Algérie». Et Sidi Said de souligner: «Elle a dépassé les missions préliminaires auxquelles elle était destinée.» «On ne permettra jamais aux étrangers de porter des jugements de valeur sur les Algériens. Ce n'est pas aux étrangers, autour de missions ou de fondations, de s'immiscer indirectement dans les affaires des Algériens», a-t-il martelé. Un point de vue soutenu par le chef de cabinet au niveau de l'Ugta, M.Rachid Naït Ali. Il a affirmé, hier, que son organisme «va prendre des décisions quant à cette Fondation dans les prochains jours». Et d'ajouter: «Nous dénonçons cette initiative. C'est illégal! Cela n'est pas la mission de cette fondation. On n'a jamais été contre les syndicats autonomes. Rappelons que c'est grâce à nous l'Ugta, que cette fondation s'est installée en Algérie.» Il a souligné sur un ton ferme qu'«on n'a pas besoin de leçons sur l'activité ou la liberté syndicale de qui que ce soit, car nous en sommes les précurseurs». Interrogé sur une éventuelle suspension des activités de la Fondation ou même son expulsion, l'orateur a indiqué que «ce n'est pas à nous de les expulser mais il faut attirer l'attention des pouvoirs publics sur ces dépassements». Et de poursuivre: «La Fondation s'immisce dans les affaires internes de notre pays alors que sa mission est d'apporter de l'aide aux associations syndicales. Elle doit ouvrir les portes aux organismes de l'Etat et non de se convertir en opposant.»