L'Orchestre national de Barbès, groupe de musique français d'origine multiethnique, s'est produit lundi 27 décembre à la maison de la culture Mouloud Mammeri à Tizi Ouzou. Organisé par l'Office national de la culture et de l'information, le gala a drainé un public juvénile, mais aussi des familles qui ont investi la scène pour danser sous les rythmes endiablés joués par les 10 musiciens du groupe. Depuis sa création en 1995, c'est la première fois que l'ONB anime un concert en Algérie. Et pour un coup d'essai en Kabylie, avant le deuxième gala évènement programmé pour mardi à la salle Atlas d'Alger, les précurseurs de la musique world maghrébine auront prouvé qu'ils n'ont rien perdu de leur passion ni de leur esprit à la fois festif et engagé. Résultat : un show riche en sonorités plurielles et en divertissement. Deux heures durant, les artistes ont littéralement enflammé la scène par une mixture de styles, chaâbi, transe gnawa, rock, funk, raï, mais aussi par leurs pas de danse et leur façon de faire la fête. Bien outillés pour la circonstance, les musiciens ont interprété l'essentiel de leur riche répertoire. Puisés de leurs principaux albums Barbès (1997), Poulina (1999), Alik (2008) et autres nouveautés, les morceaux proposés au public sont un mélange «new look» entre raï, reggae, ragga muffi, rock, musique orientale et percussions africaines. Un délicieux cocktail en somme qui n'a pas manqué d'enchanter les fans. Salam aâlikoum alahbab, Alaoui, Maychali, Labou, Toura, Chalani, Dorbiha ya chibani , Résidence 2 : il y en avait pour tous les goûts. Mais le «must» était Aloui, un tube connu et reconnu, qui a propulsé la troupe au firmament. La chanson a été réclamée par le public dès l'entame du spectacle. Fort appréciée par les mélomanes, elle sera rejouée une seconde fois. Séduit par le savoir-faire des dynamiques et novateurs membres de la troupe, le public dansait, chantait et exultait. Sans transition, ils interpréteront des chansons en hommage à de grands artistes de la chanson algérienne : Mohamed Larbi dit Cheikh Mamachi, (l'un des plus grands poètes chanteurs bédouins algériens et pionnier du raï, mort en 1988), avec le titre aux sonorités très rock Civilizi oki, Mohamed Mazouni avec Lila et Slimane Azem (1918-1983) avec Résidence 2, une évocation de la condition d'immigré. Cette chanson est reprise avec des paroles additionnelles. S'exprimant en français, en arabe algérien et en kabyle, les chanteurs du groupe ont su créer la communion avec un public tout bonnement électrisé. Inspiré du raï maghrébin, le groupe marie de nombreux genre musicaux comme le chaâbi, la salsa, le reggae, la musique gnaoua, le jazz ou encore le rock afin d'obtenir une sonorité originale, au label ONB. La salle réagissait par des applaudissements et des hourras. Il faut dire que le rythme était entraînant, au grand bonheur des fans qui n'ont pas regretté le déplacement, même si le prix du billet (300 DA) était inaccessible pour beaucoup de gens. A la fin du spectacle, une gerbe de fleurs a été remise au porte-parole de la troupe par le chanteur Karim Abranis, en présence du directeur de la culture, Ould Ali El Hadi et de nombreuses personnalités artistiques de la wilaya de Tizi Ouzou. «L'orchestre national de Barbès est un groupe musical de renommée mondiale qui a fait ses preuves sur les plus grandes scènes artistiques», dira le fondateur du groupe rock algérien, Karim Abranis.