A la fin d'une année si mouvementée dans le secteur de l'Energie, Youcef Yousfi, son premier responsable, annonce de but en blanc ses priorités de 2011. Contrairement à son prédécesseur, l'actuel ministre de l'Energie et des Mines semble décidé à prendre en charge plusieurs tâches, à commencer par celle en relation directe avec Sonatrach. Première mission : évacuer dans les plus brefs délais la grisaille dans laquelle est plongée la compagnie publique des hydrocarbures depuis le surgissement du plus honteux scandale de son histoire. Répondant, jeudi dernier, aux interrogations soulevées par les députés au sujet de Sonatrach, le ministre a affirmé que le contrôle interne du groupe public des hydrocarbures sera plus renforcé en 2011, soulignant la détermination de l'Etat à «livrer une lutte sans merci contre toutes les pratiques illégales». Le dernier épisode du scandale, qui a ébranlé la compagnie, fait apparaître Abdelhafid Feghouli, ancien PDG par intérim de Sonatrach et PDG de Tassili Airlines, comme personnage principal d'un feuilleton qui a défrayé la chronique politico-économique de l'année 2010. Le précédent épisode du même feuilleton relatait des faits, jugés «gravissimes» par Youcef Yousfi, ayant conduit à l'incarcération de 5 vice-présidents de Sonatrach et la mise sous contrôle judiciaire de l'ancien PDG, Mohamed Meziane. Le successeur du déchu Khelil à la tête du ministère de l'Energie et des Mines estime que «les poursuites judiciaires engagées contre des responsables de la société ne sont pas le propre de notre pays ni de notre secteur». «Nous déplorons, toutefois, les actes reprochés à ces responsables que nous estimons gravissimes. Nous devons laisser la justice faire son travail», a-t-il ajouté, comme pour trancher avec ce qui évoque sans relâche l'ancienne direction de Sonatrach qui s'était jetée dans la fosse aux lions. Enumérant les projets futurs inscrits dans son agenda de 2011, M. Yousfi a rappelé la mise en œuvre du plan national des énergies renouvelables, dont la maquette finale devrait être soumise au gouvernement la semaine prochaine. Dans le domaine des hydrocarbures, le ministre a annoncé, à la même occasion, la finalisation des appels d'offres internationaux pour l'exploration et l'exploitation. Mine d'or d'Amesmessa Il s'agit de passer à la vitesse supérieure, puisque la crise qu'a vécue le groupe Sonatrach avait conduit à l'ajournement de plusieurs appels d'offres. Le ministre avait indiqué récemment que l'Algérie «entend intensifier l'effort d'exploration pour accroître ses réserves d'hydrocarbures». A son arrivée, Youcef Yousfi s'était retrouvé face à un constat des plus inquiétants : les résultats les plus concluants des précédents efforts de recherche n'étaient pas en mesure d'aboutir au renouvellement d'au moins ce que produit le pays en hydrocarbures. C'est-à-dire que l'ère Khelil a été catastrophique sur tous les plans. En toile de fond, Sonatrach nécessite des actions stratégiques et non des moindres qui vont parfois jusqu'à remettre en cause certaines actions actuellement engagées. Exemple : M. Yousfi a annoncé la mise en service dans les prochains mois du gazoduc Medgaz devant relier l'Algérie et l'Espagne ainsi que du Galsi entre l'Algérie et l'Italie. Cependant, des interrogations sont permises : l'Algérie dispose-t-elle de volumes justifiant les deux gazoducs ? Pour 2011, le ministre devra soulever des montagnes. L'héritage Khelil ne facilite aucunement la tâche. A une autre question qui réveille un autre scandale lié à l'exploitation de la mine d'or d'Amesmessa (Tamanrasset) par l'australien GMA Ressource, Youcef Yousfi a indiqué que «Sonatrach pourrait, conformément au droit de préemption, racheter les actions de GMA dans le cas où celle-ci déciderait de vendre totalement ou partiellement sa part qui est de 52%». Dans la foulée, le ministre a assuré que son département «suit avec attention cette opération (cession de 9% des actions du groupe à une société égyptienne) afin de veiller à sa conformité avec la loi tout en respectant l'accord signé avec la partie australienne». Ainsi, l'année 2011 s'annonce à la fois dure et charnière pour le secteur de l'énergie et des mines. Les défis et les enjeux ne sont pas des moindres. La tâche est semblable à un travail de titan.