La commune de Beni Messous est « âgée » de 19 ans. Elle est issue du découpage administratif de 1985. Une partie amputée à telle commune, une autre à telle autre et hop ! Beni Messous voit le jour. Mais depuis, on n'a pas fait grand-chose dans cette commune. Des projets par exemple qui pouvaient bien la distinguer en tant que commune. Prenons le cas du centre-ville. Elle n'en a pas. « Dans le passé, on avait pensé faire du grand boulevard passant par l'hôpital de Beni Messous le centre de la ville. Mais comme la majorité des terrains en face de l'hôpital appartiennent au privé, cela a rendu le projet irréalisable », souligne M. Haddadi, chef de cabinet à l'APC de Beni Messous. Aujourd'hui par exemple, alors que l'APC, la Maison de jeunes et la sûreté urbaine sont situées au fin fond d'une ruelle, la poste, elle, est construite tout à fait à l'entrée de la ville. Au moins trois kilomètres séparent ces deux points sensibles. « C'est un problème de foncier », ajoute notre interlocuteur. La commune a longtemps connu des problèmes liés à la spéculation foncière, particulièrement à l'époque des Délégations exécutives communales (DEC) où beaucoup de personnes ont bénéficié de décisions d'attribution de lots de terrain. Non pas seulement du terrain appartenant à l'APC, puisque même le terrain appartenant à l'Etat n'a pas échappé à la tentation. Celui que gère directement l'Agence de régulation foncière d'Alger (Agerfa). « C'est au moment où nous apercevons des chantiers naissants que nous demandons aux gens des actes et qu'on se rend compte qu'ils ne détiennent que des décisions d'affectation. » En considération de cela, « l'APC a gelé toute attribution depuis 2002. C'est-à-dire depuis que l'exécutif actuel est là », souligne M. Haddadi. Et de rappeler, comme pour justifier cette mesure, l'existence de la loi 90-25 qui interdit entre autres aux responsables de l'APC de céder au privé des terrains relevant de la propriété de l'Etat. La spéculation a touché également le secteur immobilier dans cette commune. Le P/APC, M. Allam, met l'index sur le projet des 102+70 logements promotionnels dont le maître d'ouvrage est la Banque algérienne de développement rural (BADR). Ce projet, dont 102 logements sont finalisés, a fait l'objet, comme plusieurs autres projets, d'une spéculation impitoyable. « Aujourd'hui, on se retrouve avec 400 décisions d'affectation alors qu'on est à moins de 200 logements. Et parmi les premiers bénéficiaires, beaucoup n'ont pas postulé à leur bien. » C'est le plus fort, murmure le P/APC, qui a habité son logement. Au niveau de la commune, ce sont 5000 demandes de logements qui attendent satisfaction. Sont-elles fondées ? Pas toujours. « Les gens à Beni Messous sont habitués à cette culture qui fait que c'est l'Etat qui donne tout. » « Même si l'on répond souvent à certaines demandes, leur nombre ne cesse d'augmenter », dira M. Haddadi. Quant au P/APC, il renvoie cela à la prolifération des bidonvilles dans sa commune. « Nous avons entre 800 à 1000 bidonvilles dans notre commune. Chaque week-end, je délivre des décisions de démolition. Mais ça repousse vite », dira le maire. Pour cela, les responsables locaux lancent un appel au nouveau wali d'Alger pour trouver des solutions à cet épineux problème. En prospecteur, le P/APC met en exergue des projets de développement local comme la construction d'un marché hebdomadaire, d'un centre commercial et la relance du projet de la microzone de Beni Messous, il réclame des moyens financiers. « L'année dernière, nous avons élaboré un plan de développement de 32 milliards de centimes, nous avons reçu 2 milliards. Il est difficile d'initier des projets avec ces faibles fonds. » En ce moment, l'APC n'arrive même pas à payer les salaires de ses 214 employés. « Nous allons délibérer vers cette fin de semaine sur cette question », dira le maire sur un ton d'espoir.