Le grand prix du cinquième Festival international du film de Marrakech (FIFM), l'Etoile d'or, a été attribué samedi dernier au film Kirghiz Saratan, réalisé par Ernest Abdyshaparov. L'actrice italienne Monica Bellucci a remis l'Etoile d'or à Ernest Abdyshaparov pour son film Saratan, chronique villageoise dans les montagnes kirghizes qui raconte comment la vie des habitants va être bouleversée par l'arrestation d'un légendaire voleur de bétail. Le jury présidé par le cinéaste français Jean-Jacques Annaud devait départager 15 films en compétition. Le prix du jury est revenu à deux films : Crazy, film canadien réalisé par Jean-Marc Vallée et Bab Al Maqam, du Syrien Mohamed Malas. « Nous avons décidé de refuser toute discrimination positive, qui consisterait à favoriser des films venus de pays ayant une cinématographie encore fragile », a déclaré Jean-Jacques Annaud. « Nous avons choisi des œuvres qui parlaient à notre cœur. (...) Nous avons été unanimes à choisir Saratan », a-t-il ajouté. L'actrice britannique, Shirley Henderson, a obtenu le prix d'interprétation féminine pour Frozen de Juliet McKoen alors que celui d'interprétation masculine est revenu à l'acteur écossais, Daniel Day Lewis, pour le film américain The Ballad of Jack and Rose de Rebecca Miller. « Dans cette situation d'immense fragilité mondiale, il ne faut pas se distancer des autres cultures, mais au contraire les embrasser pour ne plus jamais les relâcher », a déclaré Daniel Day Lewis. Lors de la cérémonie de clôture, un hommage a été rendu au cinéaste iranien, Abbas Kiarostami, pour l'ensemble de son œuvre. Ce réalisateur âgé de 55 ans, qui a tourné la quasi-totalité de ses films en Iran, avait gagné la Palme d'or au Festival de Cannes en 1997 pour le Goût de la cerise. Le cinéaste américain, Martin Scorsese, qui lui a rendu hommage, a loué « la pureté de (son) travail qui (l')a inspiré ». Il a qualifié l'œuvre du cinéaste iranien de « poèmes épiques qui expriment la poésie des formes naturelles ». « Les films d'Abbas Kiarostami sont de véritables révélations », a-t-il ajouté. Abbas Kiarostami a indiqué être heureux d'avoir reçu « cette récompense prestigieuse ». « Je suis particulièrement content de la recevoir des mains de Martin Scorsese qui embrasse d'un regard amoureux le cinéma du monde », a-t-il déclaré. « Martin Scorsese est érudit, modeste et généreux », a-t-il ajouté. Avec Martin Scorsese, à qui un hommage a été rendu lors de la cérémonie d'ouverture, Abbas Kiarostami s'est transformé en professeur de cinéma le temps d'un Atelier des jeunes réalisateurs. Huit Marocains et huit étudiants en cinéma venus de New York ont bénéficié pendant 15 jours des conseils de ces deux maîtres. « Nous sommes en train de voir comment cette expérience peut se poursuivre », a indiqué Abbas Kiarostami. Durant ce festival qui avait commencé le 11 novembre, quelque 120 films ont été diffusés dans la ville. Un hommage particulier a été rendu aux cinémas espagnol et indien.