L'Academy of Motion Picture Arts and Sciences a nominé le film Hors-la-loi du réalisateur Rachid Bouchareb, représentant l'Algérie, aux oscars 2011 dans la catégorie des meilleurs films en langue étrangère. Ainsi, la fameuse «short list» (liste restreinte) a été dévoilée, hier, au Samuel Goldwyn Theatre (Los Angeles) ; la cérémonie a été retransmise en direct par la chaîne de télévision CNN. Les 5 films en langue étrangère en lice sont pour l'oscar (Foreign Language Film) sont Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, ô Biutiful (Mexique), Dogtooth (Grèce), In a Better World (Danemark) et Incendies (Canada). Les lauréats seront connus lors de la cérémonie organisée le 27 février au Kodak Theatre, à Hollywood, pour la 83e cérémonie des oscars. Le pitch du film Hors-la-loi Chassés de leur terre algérienne, leur humus natal, Sétif, en 1925, trois frères et leur mère sont séparés. Messaoud s'engage en Indochine. A Paris, Abdelkader prend la tête du mouvement pour l'indépendance de l'Algérie et Saïd fait fortune dans les bouges et les clubs de boxe de Pigalle. Leur destin, scellé autour de l'amour d'une mère, se mêlera inexorablement à celui d'une nation en lutte pour sa liberté… Une histoire filiale d'une fratrie d'armes. Un film qui fait office de suite à Indigènes, dont le scénario est de Rachid Bouchareb et Olivier Lorelle. Cette fois sans Samy Naceri mais avec sa «dream team» : Jamel Debbouze, Sami Bouajila, Roschdy Zem, Bernard Blancan qui ont crevé l'écran. Avec une mention spéciale pour les comédiens algériens Chafia Boudraâ, Ahmed Benaïssa et Mourad Khan, qui ont joué juste et avec générosité. Un thriller historique, mnémonique et chronologique, digeste et galvanisé. Du celluloïd d'une brillance pas à l'effet bœuf, compulsant les interstices de l'histoire. L'exaction féodale, l'expropriation, les massacres du 8 Mai 1945 à Sétif (Guelma et Kherrata), la guerre d'Indochine en 1953, le déclenchement de la Révolution de Novembre 1954, l'activisme nationaliste au bidonville de Nanterre (Paris), les actions révolutionnaires du FLN au cœur de la France, les manifestations d'octobre 1961 réprimés par la police de Papon, les exécutions sommaires de la Main rouge (escadrons de la mort, un service parallèle et clandestin français), des activistes du FLN et puis l'indépendance, en 1962. Rachid Bouchareb signe ici, sans complaisance ou autre flagornerie, une œuvre majeure d'excellente facture, surtout au niveau de la mise en scène. C'est que ce réalisateur, après Indigènes et London River, est en train de s'affiner et de se bonifier, filmiquement parlant. La preuve ! Il traite d'un pan de l'histoire algérienne sous l'occupation française. Mais pas d'une manière manichéenne, frontale et déclarée. Rachid Bouchareb retrace une guerre, le combat d'un peuple s'affranchissant, se libérant et arrachant son indépendance. Et ce, de par une fiction mêlant drame, histoire et action. Actuellement, Rachid Bouchareb prépare deux films : le premier sur l'activiste des Black Panthers, Angela Davis, dont le scénario est écrit par Yasmina Khadra, et l'autre, une comédie.