Les élections partielles anticipées, qui ont lieu aujourd'hui dans 8 wilayas du pays : Boumerdès, Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira, Khenchela, Laghouat, Batna et Biskra, auront valeur de test politique majeur pour les partis en lice. Mais, pour des raisons évidentes que l'on connaît, c'est surtout en Kabylie, dans les wilayas de Tizi Ouzou, de Bouira, de Béjaïa et accessoirement à Boumerdès, que le scrutin promet d'être serré de par les enjeux qu'il représente pour les partis présents à ces partielles et les populations de ces localités. Pour les deux partis qui ont un ancrage en Kabylie, le FFS et le RCD, jamais élection n'aura nourri autant d'appréhensions, de doutes dans les esprits de leurs dirigeants respectifs, et, il faut le dire aussi, de craintes d'affronter un électorat dans un contexte local et national marqué par une absence totale de visibilité politique. Alors que le FLN et le RND tentent de se convaincre que, non seulement ils ont leur place dans le cœur de la Kabylie et plus que cela, qu'ils ont des ambitions insoupçonnées dans la nouvelle configuration politique qui émergera de ces élections, le FFS et le RCD abordent ce scrutin en ayant présent à l'esprit que c'est leur survie en tant que partis traditionnels dans cette région du pays qui est en jeu. Si un renversement des tendances politiques lourdes en place, qui aurait à superposer à la carte politique locale une autre configuration que l'on dit confectionnée dans les officines du Pouvoir, est difficile à imaginer pour des raisons historiques et identitaires évidentes, il n'est pas exclu, en revanche, que les partis d'Aït Ahmed et de Saïd Sadi fassent les frais des manœuvres et tentatives de « pacification » de la région qui passent par une disqualification et une mise hors jeu du FFS et du RCD, à laquelle ces deux partis ont, dans une certaine mesure, contribué. Et le meilleur moyen d'y parvenir, c'est d'encombrer la scène politique locale en y injectant de nouveaux acteurs dont la mission apparaît, selon toute apparence, fondamentalement politique. La neutralisation du FFS et du RCD dans ce scrutin, ou à tout le moins la perte de leur tutelle politique dans la région dans la perspective d'une cohabitation forte avec les deux autres partis de l'Alliance présidentielle déclinée comme une hypothèse plus que probable, se présente pour le Pouvoir comme le dernier verrou à faire sauter, après l'acte d'allégeance des archs, pour reprendre la main dans le jeu politique local qui lui a totalement échappé depuis le Printemps berbère.