On le voyait souvent au centre-ville de Souk Ahras, toujours tiré à quatre épingles, plein de vigueur et de bonhomie, l'air jovial et lucide à la fois, le corps élancé à la manière de ces athlètes performants qui refusent, même si le fardeau des années se fait pesant, une courbe de trop dans le corps. Il parlait sport et il en parlait longuement avec l'aisance et l'éloquence de l'homme instruit qu'il était. Il n'était pas chiche, non plus, quand il s'agissait de débats sur la vie politique, l'histoire de sa ville ou tout autre sujet. C'est Ali Kouadfia, le doyen des tennismen de Souk Ahras, le premier responsable du club souk ahrassien de tennis, après l'Indépendance, et l'un des pionniers du cyclisme algérien. Il s'est éteint, la semaine dernière, à l'âge de 88 ans. Il est parti sans laisser aux gens, qui l'aimaient et appréciaient ses qualités morales, l'occasion de lui dire adieu. C'est un pan de la mémoire collective qui s'est effondré et un notable de la ville (il méritait le titre sans le réclamer) qui est parti à jamais, emportant avec lui 68 ans d'expérience dans la gestion des clubs sportifs et la voie du succès, en particulier dans le tennis.