Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a eu hier une conversation téléphonique avec son homologue égyptien, le maréchal Mohamed Hussein Tantawi, à propos des manifestations géantes au Caire, a indiqué le Pentagone. «Ils se sont parlé ce matin», a déclaré un porte-parole du Pentagone, le colonel Dave Lapan, à la presse. «Cela fait partie d'un effort pour que chacun tienne l'autre informé de l'évolution de la situation», a-t-il ajouté, sans donner plus de détails sur cette conversation. «Jusqu'à maintenant, l'armée égyptienne a agi avec professionnalisme et retenue», a précisé le porte-parole. M. Gates s'était déjà entretenu au cours du week-end avec son homologue.Washington a également dépêché au Caire un émissaire, Frank Wisner, pour s'entretenir avec le président Hosni Moubarak, soumis depuis une semaine à une très forte contestation de la rue qui exige son départ, et de hauts responsables égyptiens. Ayant servi comme ambassadeur au Caire de 1986 à 1991, le diplomate américain «connaît quelques-uns des acteurs-clés dans le gouvernement égyptien», selon le porte-parole du département d'Etat, Philip J. Crowley, qui a refusé, toutefois, de dire si M. Wisner était porteur d'un message du président Obama. «Nous avons envoyé un message très clair à l'Egypte, publiquement et en privé. Mais évidemment, l'ambassadeur Wisner aura l'occasion de renforcer ce que nous avons déjà dit», selon Crowley. M. Wisner, qui a également été ambassadeur en Zambie, aux Philippines et en Inde, a l'expérience de la «diplomatie délicate», note le New York Times. Après avoir initialement «sous-estimé la force et la détermination des manifestations antigouvernementales en Egypte, l'Administration d'Obama a opté pour le discours public et privé sur la question de l'Egypte pour aboutir au départ de Hosni Moubarak de ses fonctions présidentielles plus tôt», souligne de son coté le Washington-Post. «En privé, les responsables de l'Administration américaine ont poursuivi leurs contacts avec le gouvernement égyptien, les responsables militaires et l'opposition pour inciter le mouvement vers un processus de transition conduisant à des élections libres», qui devraient se tenir en septembre prochain. Le gouvernement américain «se trouve dans la position inconfortable d'être un spectateur plutôt qu'un acteur principal dans le drame qui se joue dans les rues du Caire», écrit le quotidien de la capitale fédérale. Il reste tout de même que la position des Etats-Unis est plus claire. Pour le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, «la transition en bon ordre telle que souhaitée par les Etats-Unis en Egypte signifie le changement». Au sujet des nominations au gouvernement opérées par le président égyptien, M. Gibbs a encore une fois tranché : «Il faut plutôt des actions et non des nominations.» Mais les responsables américains soulignent être «bien conscients de la nécessité d'agir avec prudence. Les principaux pays alliés dans la région scrutent de près les actions des Etats-Unis pour voir si elles ne renferment pas les signes manifestes de pousser les pays partenaires de longue date vers la porte», écrit le Washington-Post.