Sortis sans aucun siège au sein des Assemblées populaires de wilaya de Tizi Ouzou et de Béjaïa et avec seulement 7 sièges, en tout et pour tout, au niveau des 143 Assemblées populaires communales à travers les 7 wilayas concernées par le scrutin de jeudi dernier, les deux partis représentant la mouvance islamiste, à savoir le MSP et El Islah, ont essuyé un échec cuisant lors de ces élections partielles. Certes, les populations de Kabylie sont connues pour être foncièrement hostiles aux idées véhiculées par le courant islamiste. Mais, la débâcle de ces deux partis n'est pas uniquement limitée à cette région. Car les résultats obtenus dans les cinq autres wilayas le démontrent clairement. Le MSP a obtenu 3 sièges APC à Tizi Ouzou, 1 à Béjaïa, 1 à Khenchela et un autre à Laghouat. El Islah n'a, quant à lui, obtenu qu'un seul siège APC, et ce, dans la wilaya de Béjaïa. Ces deux partis ont obtenu zéro sièges à Boumerdès, à Bouira et à Biskra. Ces deux formations n'en reviennent pas depuis l'annonce, vendredi 25 novembre, des résultats. Même s'ils essaient d'en donner des explications. El Islah insiste sur sa participation symbolique. « Nous n'avons présenté de listes qu'au niveau de 5 APC. Notre participation était beaucoup plus politique qu'autre chose. Elle répondait à un ensemble de paramètres, dont le retour de la stabilité dans la région de Kabylie et la levée du blocage sur certaines assemblées locales, dû à l'absence d'élus du peuple. Aussi, nous étions contre l'installation des APC élues avec une vingtaine de voix », nous explique Lakhdar Benkhelaf, chargé de l'organique au sein du parti de Djaballah, joint hier par téléphone. Mais ce député d'El Islah fait tout de même un constat amer sur le déroulement de ces joutes électorales. « Les bulletins de vote étaient mal conçus et difficilement distinguables pour ceux qui savent à peine lire. Il n'y avait ni photos ni sigles de partis, ni numéros, comme c'était le cas lors des précédentes élections. En plus de cela, tous les bulletins étaient de même couleur. Beaucoup de fellahs n'ont pas pu faire leur choix à cause de ça. C'était l'amalgame total », observe-t-il, avant d'ajouter que, depuis l'avènement du multipartisme, aucune élection n'a été organisée de cette manière. M. Benkhelaf dénonce également le fait que cette élection soit organisée exclusivement par l'administration centrale. « Le ministère de l'Intérieur avait parlé auparavant de l'installation de commissions de wilayas. Mais rien n'était de cela », soutient-il. Il trouve que même les PV de consolidation des résultats ont été remplis de telle manière que certaines erreurs se seraient produites. Le MSP, membre de l'Alliance présidentielle, justifie, quant à lui, sa défaite par la fermeture du jeu politique et par l'absence d'élections libres en Kabylie. Abderrazak Mokri, vice-président du MSP, fait porter le chapeau à l'Etat et aux partis implantés dans la région, qui sont, selon lui, à l'origine de cette situation. Cependant, il reconnaît, dans une déclaration faite avant-hier à notre confrère El Khabar, l'ancrage du FFS dans la région. Pour le chef en second du MSP, les résultats de ces élections partielles ont démontré que le parti de Hocine Aït Ahmed est « le plus proche des citoyens de la région ». Un aveu d'échec ? En manque d'arguments, le MSP et El Islah n'expliquent pas pourquoi ils n'ont pas obtenu de sièges dans les autres communes situées en dehors de la Kabylie. Certains milieux commencent à parler d'un début de déconfiture du courant islamiste. Surtout depuis que le MSP est entré dans la coalition gouvernementale et qu'El Islah est secoué par une crise interne toujours persistante.