La grève illimitée à laquelle a appelé le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) a paralysé, hier, l'ensemble des hôpitaux et polycliniques à l'échelle nationale. En dépit des intimidations, des pressions exercées par l'administration et la menace de recourir aux ponctions sur salaire, les infirmiers refusent de lâcher prise si leurs revendications, en somme, toutes légitimes, ne sont pas sérieusement prises en charge. «La grève a été largement suivie à travers les différentes structures sanitaires du pays, le taux de suivi a dépassé les 90%. Que le ministre de la Santé cesse de mentir et de penser à ouvrir le dialogue avec le personnel paramédical», a lancé un infirmier rencontré au CHU Mustapha Pacha devant le Centre Pierre et Marie Curie où les infirmiers se sont donné rendez-vous hier pour un rassemblement. Munis de grandes pancartes où l'on pouvait lire : «Tous unis pour une dignité, un statut et un salaire», «Un statut=une dignité», «Intégration des cadres syndicaux suspendus», les infirmiers affirment qu'ils ne sont pas contre les malades puisqu'ils assurent le service minimum, mais demandent à être intégrés dans le système LMD (licence-master-doctorat) pour bénéficier d'une formation (bac+4) afin d'être «plus performans» et de prodiguer de «meilleurs soins» aux malades. Hier, déçus, les malades qui sont venus prendre rendez-vous pour une radiologie ou une consultation, ont été remballés. «On m'a demandé de revenir un autre jour, car les infirmiers étaient en grève pour une durée indéterminée», a lâché une dame à l'hôpital Mustapha. Le secrétaire général du syndicat de l'hôpital Mustapha Pacha, M. Touri, a affirmé, lors d'une séance extraordinaire tenue avec les travailleurs de l'établissement, que l'administration a «interdit l'affichage à l'intérieur de l'hôpital» et tenté de provoquer «la division» parmi le personnel paramédical. L'administration, selon lui, a menacé de procéder à des retenues sur salaire et le licenciement si les travailleurs ne regagnaient par leur poste de travail, qualifiant la grève de «non règlementaire». «Nous ne sommes pas là pour sanctionner les malades et ne faisons pas grève de gaieté de cœur, mais le ministre de la Santé doit comprendre que nous ne sommes pas dupes. Il s'est, certes, engagé devant les caméras de l'ENTV et non pas par écrit devant le personnel paramédical», a soutenu M. Ghachi, porte-parle du SAP. Portant autour du bras des brassards en signe de grève, les blouses blanches, à travers le territoire national, ont organisé des meetings et rassemblements dans l'enceinte des hôpitaux. Les paramédicaux évoquent le retard accusé dans la promulgation de leurs statuts élaborés récemment par les commissions conjointes, rejetant le classement tel que proposé par le ministère de la Santé, les grévistes sont indignés par l'exclusion du corps paramédical de la formation universitaire et sa non-intégration dans le système LMD. «Nous ne voulons plus de promesses sans lendemain, nous interpellons le ministère pour promulguer le statut particulier tel qu'il a été décidé par la commission mixte SAP-ministère», font remarquer les travailleurs. A l'hôpital Belfort, le professeur Djidjli assure que tous les services étaient à l'arrêt : «Le personnel paramédical est un maillon important d'une longue chaîne, sans l'infirmier, le bloc opératoire ne peut pas fonctionner, les consultations ne peuvent pas se dérouler normalement, donc les services fonctionnent au ralenti.» Il dénonce le comportement du ministre qui a préféré négocier avec l'UGTA au lieu du SAP. La grève des paramédicaux se poursuivra aujourd'hui et les infirmiers sont déterminés à arracher leurs droits.