Plusieurs courtiers se livrent à ce trafic sans en être conscients des risques auxquels ils s'exposent. La commercialisation illicite du mercure (Hg) prend des proportions alarmantes dans la wilaya de Béjaïa. De plus en plus de trafiquants s'y intéressent, discrètement, ces dernières semaines. La vente de ce produit chimique, utilisé dans différents domaines, aussi prohibés les uns que les autres, peut s'avérer très lucrative. Le prix d'un gramme atteint parfois des dizaines de millions de centimes. Pour trouver du mercure, les initiés cherchent, achètent ou volent des objets et des matériaux qui le contiennent. Les anciennes tuiles transparentes fabriquées à Marseille sont en haut de la liste. Ces tuiles sont composées d'une quantité non négligeable de mercure. Contrairement aux idées reçues, ça ne permettait pas uniquement à la lumière du jour de pénétrer à l'intérieur des maisons, mais ce sont aussi des paratonnerres. Cinq pièces de ce genre ont été dérobées, la fin de l'année écoulée, sur un toit d'un vieil édifice situé sur les hauteurs de Sidi Aïch. Il y a un peu plus d'un mois, cinq tuiles de ce genre ont été mises en vente à un prix dépassant les trois millions de dinars. Certains objets, tels que les lampes à pétrole, les bouteilles de vin, les thermomètres à mercure et les moteurs des réfrigérateurs (fabriqués autrefois, avant que l'on découvre l'impact négatif de ce métal lourd sur l'environnement), attirent également l'intérêt des trafiquants. Ces derniers ont leurs propres procédés qui leur permettent de détecter la présence du Hg. Des astuces, dont nous avons testées l'efficacité. Une fois la matière récupérée, elle est directement transférée vers certains laboratoires où des experts extraient le précieux métal. Pis encore, des amalgames, exploités généralement dans le domaine médical (chirurgie dentaire) et pharmaceutique, finissent entre les mains des contrebandiers. Pourtant, l'achat de ce genre de substances est soumis à des autorisations préalables et à des contrôles. La région de Béjaïa a connu ce trafic durant les années 2004 et 2005. Mercure rouge Apparemment, le mercure ne s'est pas évaporé depuis ce temps. Bien au contraire, son trafic semble reprendre de plus belle. Les membres du réseau de trafic de mercure sont nombreux et très actifs dans diverses villes de la wilaya selon des sources bien informées. Celles-ci nous ont révélé que les localités d'Adekar, Sidi Aïch, Aokas et Tazmalt sont les plus connues pour ce commerce. Des acheteurs y viennent même d'ailleurs pour s'en procurer. Ainsi, des relations sont tissées avec les réseaux des autres wilayas, à l'instar de Sétif et Constantine. Cependant, selon les services de sécurité, aucune enquête officielle à ce sujet n'est actuellement en cours. Les dernières investigations remontent à 2008 quand les éléments de la gendarmerie nationale ont arrêté un individu à Tichy sur lequel ils ont découvert une quantité de sulfure de mercure (HgS). Plus communément connu sous le nom du mercure rouge, le HgS est le plus répandu et plus exploité. Les mêmes sources ajoutent que le cinabre (HgS) est utilisé comme substance colorante par les faussaires afin d'améliorer la qualité des faux billets. Ceci étant dit, la montée en flèche de la fabrication de la fausse monnaie pourrait expliquer la recrudescence de ce genre de trafic. Les services de sécurité ont saisi ces derniers temps de grosses sommes d'argent en fausses coupures. Mais il n'est pas exclu qu'une partie de cette marchandise soit destinée aux groupes terroristes. Car le mercure rouge est souvent employé dans la confection des explosifs et des câbles reliés aux détonateurs. Outre ces utilisations, le mercure aide à tromper les tomodensitomètres (scanners) des douanes et brouille notamment les rayonnements émis par les fennecs. Détecteur d'armes et d'explosifs, le fennec est cet appareil qui est présent dans presque tous les barrages fixes des services de sécurité. Le mercure sert également à la fabrication de bijoux en or et en argent factices. Notre source avance que des fioles contenant du mercure rouge sont commercialisées à Béjaïa. Les trafiquants se vantent d'avoir un mercure pur et exigent par conséquent des sommes d'argents allant jusqu'à … un milliard de centimes. Plusieurs courtiers se livrent à ce trafic sans en être conscients des risques auxquels ils s'exposent. D'après une spécialiste universitaire, le mercure est un élément chimique hautement toxique. Rien que l'inhalation de ce métal peut être extrêmement nocive à la santé de l'individu. Nous avons appris par ailleurs que la plupart des études consacrées au mercure se focalisent sur les effets néfastes que ce produit peut avoir sur l'environnement.