Durant l'année 2010, la société algéro-espagnole Fertial a enregistré des résultats exceptionnels avec des records qui ont atteint les 720 000 tonnes en termes de production et 640 000 tonnes en exportations. Cette situation reflète une nette croissance par rapport à l'année 2009 où l'entreprise a enregistré une production de 633 000 tonnes dont 613 000 tonnes destinées à l'exportation. Cependant, Fertial, détenue à hauteur de 66% par le groupe espagnol Villar Mir et 34% par l'algérien Asmidal, est appelée à améliorer ces performances et pour cause, la concurrence qui s'accentue sur le marché mondial de l'ammoniac avec l'arrivée, en 2011, de nouveaux acteurs et non des moindres. Mais aussi sur le marché domestique (national), la compétition s'annonce déjà rude puisque Fertial aura à affronter la concurrence de gros producteurs, en l'occurrence les deux complexes d'Arzew et Beni Saf, qui sont en voie de finalisation. Fruit d'un partenariat entre la compagnie nationale Sonatrach et le groupe Orascom avec 1,6 milliard de dollars d'investissements, le premier sera doté de capacités de production de l'ordre de 1,32 million de tonnes d'ammoniac par an et 1,1 million de tonnes d'urée à exporter. Le second, auquel seront associés des capitaux omanais, devra, quant à lui, produire 660 000 tonnes/an, également destinées au marché extérieur. Ce dernier va, d'ailleurs, connaître un mouvement incontestable tenant compte de l'imminente entrée en production (dans 12 à 18 mois au plus tard) de deux grandes usines au Qatar et en Arabie Saoudite, pour des capacités cumulées pouvant aller jusqu'à 2 millions de tonnes. Ce qui explique les appréhensions, à peine voilées, des responsables de Fertial. Pour eux, la dynamique de progrès est évidente et la société a encore une importante marge de progression. En revanche, «avec toutes les mesures de réhabilitation et de maintenance effectuées et celles projetées, nous ne pourrions raisonnablement attendre de ses unités qu'elles soient aussi performantes que les projets menés actuellement par nos concurrents en Algérie et à l'étranger», reconnaît Mohamed Tahar Bedja, conseiller exécutif auprès du directeur général de Fertial. Car il est, actuellement, réalisé des modules de production d'ammoniac de 3 300 tonnes/jour, soit l'équivalent des trois unités de Fertial réunies. Etant dotées de capacités de production nominales de 1000 t/j chacune, les deux unités de ce groupe sises à Arzew et Annaba totalisent 990 000 tonnes métriques/an. Ce qui justifie l'option pour une stratégie globale de développement dans laquelle s'est résolument engagé l'entreprise. L'accent est mis sur le volet investissement. En effet, en plus des 200 millions de dollars déjà réalisés, depuis la prise des rênes du complexe pétrochimique de 2005 à la fin 2010, le propriétaire, groupe Villar Mir, envisage d'affecter des enveloppes financières supplémentaires. 17 millions d'euros d'investissements en 2011 Certes, tient à préciser M. Bedja, le processus d'investissement se poursuivra mais dans des proportions moindres. Il en est ainsi des plus de 17 millions d'euros qui seront injectés en 2011 dans des opérations beaucoup plus ciblées, explique le même responsable. Dans son ambition d'arracher des parts de marché plus conséquentes aux géants mondiaux, note pour sa part, Jorge Requena Lavergne - administrateur directeur général -, Fertial prévoit de hisser sa production d'ammoniac, qui est son produit phare, à hauteur d'un million de tonnes d'ci 2012-2013. Car actuellement, sur l'arène internationale, l'Algérie est quasi-inexistante. Avec ses 700 000 tonnes, elle pèse à peine 0,4% sur les 151 millions de tonnes annuellement échangées sur le marché mondial. Un marché qui se distingue par la complexité des techniques de négoce sur lesquelles agissent plusieurs facteurs. Ceux-ci ont surtout trait au circuit de commercialisation ainsi qu'à l'environnement géopolitique et économique dans lequel évolue l'ammoniac, souligne M. Bedja. Malgré la bataille qui s'annonce difficile, il reste, toutefois, confiant quant aux possibilités pouvant s'offrir à Fertial dans sa marche vers la conquête de marchés autres que ceux européens et africains qui sont ses traditionnels clients. D'autant que sur le marché mondial, la tendance de la demande est à la hausse. A eux seuls, les USA et l'Europe consomment plus de 30 millions de tonnes métriques. Afin de satisfaire cette demande, indique pour sa part, Agrofertrans, - grande société basée en Ukraine et spécialisée dans le négoce international filière engrais et fertilisants, 9 millions de tonnes sont importées principalement de Russie et d'Ukraine. La demande sera encore plus forte avec la fermeture imminente de plusieurs usines du fait de la hausse des prix du gaz, matière première essentielle dans la fabrication de l'ammoniac. Aux USA, explique Alexandre Skripka, PDG d'Agrofertrans que nous avons joint par mail, les producteurs décident du fonctionnement de leurs usines en fonction du prix du gaz. Si le prix de ce dernier est élevé, la préférence est orientée vers sa revente en l'état. Ceci entraîne une diminution de l'offre. Aussi, il est prévu une hausse de la consommation d'ammoniac de 3% par année, avec une forte demande actuellement enregistrée en Chine et en Asie du sud. Globalement, ajoute le premier responsable, la demande continuera son ascension et il y aura un besoin continuel d'augmentation de production soit par la construction de nouvelles usines, soit par la rénovation de celles existantes. Fertial a optée ainsi pour cette dernière solution puisque en octobre dernier, l'usine a été mise à l'arrêt pendant 45 jours. De grands travaux de maintenance et de rénovation ont été réalisés pour un coût fluctuant autour de 20 millions d'euros. D'où, les solides opportunités qui s'offrent à l'Algérie de se positionner sur des marchés qui lui étaient jusque-là inaccessibles surtout que Fertial a l'avantage de bénéficier du gaz à des prix très bas et une main-d'œuvre peu coûteuse, mais aussi un savoir-faire avéré.