Le contrat de partenariat entre l'Entreprise publique économique Fertial du groupe algérien Asmidal et l'espagnol Fertibéria sera mis en application dès le mois de juillet 2005. Ce contrat est le résultat de plusieurs années de contacts et de négociations entre les deux producteurs algérien et espagnol d'engrais phosphatés. La partie algérienne a finalement convenu de céder 66% du capital à la filiale Fertibéria du groupe ibérique Villar Mir. Les 34% du capital resteront propriété algérienne. Les deux parties ont également convenu de maintenir l'ancienne appellation Fertial, proche de Fertibéria, et de procéder au changement du sigle. Bien qu'entourée d'une grande confidentialité, l'information a figuré à la une de l'actualité syndicale où la défense et l'illustration du partenariat ont trouvé une large place. Dans la milieu de la représentation syndicale, l'on s'est refusé à tout commentaire. En fait, la conscience du soutien apporté par la conjoncture internationale à l'économie algérienne a fait son chemin dans l'opinion des travailleurs. Même position de no comment du côté des cadres dirigeants de la filiale. « Le dossier est actuellement entre les mains du chef du gouvernement. Je ne peux me prononcer sur la question. Notre entreprise est prospère et notre produit a fait ses preuves tant sur le marché national qu'international. Ce résultat est le fruit des efforts conjugués des travailleurs et de l'équipe dirigeante », a expliqué M. Louhichi, le président-directeur général de la filiale Fertial. Sur le terrain, cadres et travailleurs se sont favorablement positionnés pour un partenariat avec les Espagnols dont l'arrivée pour une prise en charge de Fertial est qualifiée d'imminente. « Nous n'avons pas en main les données de ce partenariat avec les Espagnols de Fertibéria dont la matérialisation est inéluctable. Les Espagnols sont les bienvenus car ils représentent un autre facteur pour une plus grande percée des produits algériens sur des marchés qui nous étaient jusqu'ici inaccessibles », a estimé M. Ghersallah, chargé de la communication. Travailleurs et cadres dirigeants affirment que ce partenariat est en mesure d'exercer un rôle de soutien, voire d'impulsion à la production et à la commercialisation des engrais phosphatés algériens. La preuve a été apportée par la constante progression du chiffre d'affaires annuel de Fertial et de sa position de leader du bassin méditerranéen, 3e du monde arabe et 7e au rang mondial en matière de production et commercialisation d'ammoniac et autres intrants fertilisants. Les chiffres avancés sont révélateurs des performances réalisées par les gestionnaires de Fertial. Ces chiffres donnent, en 2002, un chiffre d'affaires de 4,6 milliards de dinars, 6,6 milliards en 2003 et 8,4 milliards en 2004. Pour 2005, il est prévu d'atteindre 8,6 milliards de dinars. 2,10 milliards de dinars de ce dernier montant a été enregistré au courant du 1er trimestre 2005. performances commerciales La corrélation exportation/croissance de cette filiale Asmidal est prouvée par l'accroissement des ventes à l'exportation. A l'image du marché international de l'ammoniac où Fertial est omniprésente, notamment sur les marchés espagnol, français, italien, grec, turc, belge, britannique, cubain et marocain. Elle l'est également en Tunisie et au Maroc, deux pays qu'intéressent le nitrate. Alors que pour le super simple phosphate (SSP), ce sont la Grèce, l'Italie, le Brésil et le Maroc. Les performances commerciales de Fertial à l'exportation s'inscrivent aussi sur le marché international. L'urée ammonium nitrate (UAN), cet engrais azoté liquide, est exporté vers la France, l'Espagne et surtout les USA. Bien que l'information ait été maintenue sous le sceau de la confidentialité, l'on parle de la pénétration de plusieurs autres marchés européens et asiatiques. Ce que confirme du reste cette déclaration de M. Bouderbala, directeur financier : « L'année 2004 a été exceptionnelle pour notre filiale. Sous la pression de la demande, nous avons été contraint de revoir à la hausse notre production. Elle était de 599 607 tonnes tous produits confondus en 2003 et a atteint 800 733 tonnes en 2004. Des indices de fébrilité du marché indiquent que nous sommes en train de vivre une situation similaire en 2005. J'ajoute, par ailleurs, que de 2,09 milliards de dinars en 2003, la valeur ajoutée a atteint 3,3 milliards en 2004. » Avec le tiers du chiffre d'affaires qu'elle réalise pour le compte du groupe Asmidal qui en compte cinq, la filiale Fertial, la plus importante, servira-t-elle de locomotive à la privatisation des quatre autres que sont Alzofert, Kimial, Somias et Asfertrade ? La question posée n'a pas encore trouvée preneur, même si du côté du syndicat de ces 4 filiales la recherche du partenariat avec les nationaux ou les étrangers n'est plus un sujet tabou. On prend pour référence les 40 millions de dollars de recettes réalisés en 2003 par Fertial sur les 120 enregistrés par l'ensemble du groupe. Ainsi, sur les 120 millions de dollars réalisés en 2003, près de 40 millions revenaient à Fertial. En 2004, la recette de Fertial a atteint 64 millions de dollars pour un chiffre d'affaires global du groupe de 130 millions de dollars. Avec toutes ces performances, il y avait de quoi attirer le regard du groupe espagnol Villar Mir et le décider à s'approprier les 66% des parts du capital de cette filiale à la pointe du combat pour le développement économique du pays. Du côté des travailleurs, l'on s'interroge sur les capacités du gouvernement algérien à s'entourer des garanties nécessaires à cette opération de privatisation. Pour les syndicalistes, la transparence dans l'approche du dossier doit être de mise pour éviter les mêmes zones d'ombre qui ont prévalu à la veille de la privatisation du complexe sidérurgique au profit des Indiens.