Fermée aux journalistes, la réunion du bureau du syndicat des magistrats a été houleuse. Selon certains participants, les membres du bureau étaient partagés entre ceux qui exigent le départ de l'inspecteur général et l'annulation de ses décisions et ceux qui veulent mettre cette revendication au second plan. Le bureau du Syndicat national des magistrats (SNM) a tenu hier une réunion houleuse, à Alger, pour «peaufiner» la plateforme de revendications devant être remise aujourd'hui au ministre de la Justice. Une plateforme qui se résume pour bon nombre de juges, «au départ immédiat et sans conditions » de l'inspecteur général, et à «l'annulation de toutes» ses décisions qualifiées «d'iniques», et pour certains, aux conditions socioprofessionnelles. Pourtant, pour les magistrats syndiqués, «tous les jours, les juges font l'objet, par des chefs de cour interposés, de brimades, de vexations, d'intimidations, harcèlement professionnel, exclusion et marginalisation». Pour eux, «c'est l'indépendance du magistrat qui est visé. Les juges sont soumis à des pressions pour rendre des verdicts allant dans le sens du bon vouloir de l'administration et de ses intérêts étroits. L'inspecteur général va jusqu'à sommer des juges à bafouer les lois de la République, alors que la Constitution garantit l'indépendance du pouvoir judiciaire». Ils précisent qu'«une justice fondée sur les principes de légalité et d'égalité s'exprime par le respect du droit étant donné que le juge n'obéit qu'à la loi et reste protégé contre toute forme de pression ou d'intervention de nature à nuire à l'accomplissement de sa mission et au respect de son libre arbitre». Des propos qui rejoignent l'esprit de la lettre de dénonciation écrite par des magistrats du syndicat et d'autres non syndiqués, au président de la République, faisant état de lourdes accusations à l'encontre de l'inspecteur général. Les contestataires exigent le «départ» du fonctionnaire, «l'annulation» de toutes les décisions qu'il a signées et «la réhabilitation» de tous les magistrats qu'il a déférés devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), les trois mesures inconditionnelles que le bureau a finalement retenues, à la fin de la réunion, en fin de journée, pour les remettre aujourd'hui au ministre. A défaut, des actions de protestation seront organisées, et des démissions collectives envisagées.