Rappel des événements en Libye, théâtre d'une contestation et de manifestations sans précédent contre le régime du colonel Mouammar El Gueddafi, au pouvoir depuis plus de 40 ans : - 15-16 février : Dans la nuit de mardi à mercredi, la police disperse par la force un sit-in contre le pouvoir à Benghazi, deuxième ville du pays et bastion des opposants au régime à 1000 km à l'est de Tripoli : 38 blessés. A Al Baïda, à 1200 km à l'est de la capitale, deux manifestants sont tués par les forces de sécurité.
- 17 : Lors de violents affrontements, six personnes sont tuées à Benghazi et deux à Al Baïda, alors que des appels sont lancés sur facebook pour faire de ce jeudi une «Journée de la colère» contre le régime d'El Gueddafi. A Zenten (145 km au sud-ouest de Tripoli), plusieurs personnes sont arrêtées, des postes de police et un bâtiment public incendiés. - 18 : Quatorze morts (source médicale) dans des violences à Benghazi où le siège de la radio est incendié. A Al Baïda, deux policiers qui tentaient de disperser une manifestation sont capturés par des manifestants, puis pendus. Depuis mercredi, des rassemblements et des défilés pro-régime ont lieu dans la capitale. Le colonel El Gueddafi y fait une brève apparition pour un bain de foule peu après minuit. Facebook n'est plus accessible, internet très perturbé. - 19 : A Benghazi, 12 personnes sont tuées alors que l'armée repousse à balles réelles des manifestants qui prenaient d'assaut une caserne. Des heurts sanglants éclatent à Musratha, à 200 km à l'est de la capitale. Des témoins affirment que des «mercenaires africains» appuient les forces de l'ordre et «tirent sur la foule sans distinction». - 20 : Violents combats dans plusieurs villes, principalement à Benghazi où des «massacres» ont lieu, selon l'un des organisateurs des manifestations. Des habitants affirment que les militaires tirent à l'arme lourde, notamment des obus de mortier. Heurts sanglants à Al Baïda. Les violences gagnent Tripoli où les sièges d'une télévision et d'une radio publiques sont saccagés dans la soirée et des bâtiments publics incendiés dans la nuit. Tard dans la soirée, lors d'une allocution télévisée, Seif Al Islam, le fils du colonel El Gueddafi, reconnaît que le pays est au bord de la guerre civile, brandissant la menace d'un bain de sang. Il promet une Constitution et de nouvelles lois. - 21 : Human Rights Watch (HRW) comptabilise au moins 233 morts, dont 60 dimanche à Benghazi, la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) avançant un bilan de 300 à 400 morts depuis mardi. Selon la FIDH, plusieurs villes, dont Benghazi, sont aux mains des manifestants après des défections de l'armée. Le ministre libyen de la Justice, Moustapha Abdel Jalil, démissionne «pour protester contre l'usage excessif de la force» contre les manifestants. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a dit au dirigeant libyen, lors d'une conversation téléphonique hier, que les violences contre les manifestants devaient «cesser immédiatement». L'UE «condamne» la répression des manifestations en Libye et demande que soit mis fin «immédiatement» à la violence. De nombreuses entreprises étrangères dont les groupes français Total et Vinci et le pétrolier italien ENI, annoncent l'évacuation de leurs salariés. Les Etats-Unis ordonnent le rapatriement de son personnel diplomatique «non essentiel». Seif al Islam annonce la création d'une commission d'enquête sur les violences, présidée par un juge libyen.