Durant la séance de la matinée, les débats se sont axés sur le roman algérien en général et de Mimouni en particulier. Cette année, pour sa 7e édition, le Colloque national sur Rachid Mimouni, qu'organise annuellement, vers la mi-février, la direction de la culture de Boumerdès, et qui s'est tenu hier à la maison de la culture, a porté sur «L'image de la femme dans le roman algérien contemporain». Une série de conférences animées par des écrivains, des enseignants universitaires et des chercheurs, était au programme de la journée. Mais, les intervenants ne se sont pas limités au thème arrêté par les organisateurs de la manifestation ni au seul auteur du Fleuve détourné. Durant la séance de la matinée, les débats se sont axés en fait sur le roman algérien en général et de Mimouni en particulier, pour reprendre son titre De la barbarie en général et de l'intégrisme en particulier. Djilali Khellas est intervenu sur Tombéza, traçant un parallèle entre le personnage central du roman, un marginal capable de se projeter dans le futur, et l'écrivain qui, à travers son personnage, «a prédit le soulèvement du 5 octobre 1988». M. Khellas a insisté sur l'humanisme de Rachid Mimouni et son engagement en faveur d'une justice sociale. Abdelhamid Bourayou a décortiqué l'œuvre d'Abdelkader Benhadouga pour comprendre l'image que l'auteur du Vent du Sud se faisait de la femme. «En se séparant de sa première épouse, de nationalité française, juste après l'indépendance en 1962, Benhadouga a vécu un choc émotionnel qu'on retrouve dans ses cinq romans», a-t-il dit. «Dans toute son œuvre plane l'ombre de cet amour broyé à cause d'une sorte d'inadéquation sociale induite par la nécessité pour lui de vivre dans son pays et l'incapacité de sa femme de se soumettre à un autre régime sociétal», dira-t-il. D'autres universitaires sont intervenus pour livrer des lectures d'œuvres romanesques algériennes relatives au thème du colloque et un hommage a été rendu au journaliste et syndicaliste Tahar Benaïcha. Mme Zoubida Djenas a cité Kateb Yacine pour exhorter les nombreuses jeunes filles venues des universités de Tizi Ouzou, Boumerdès, ainsi que du lycée Frantz Fanon de l'ex-Rocher noir à écrire : «Une femme qui écrit vaut son pesant de ‘‘poudre''», disait Yacine. «Ecrivez, écrivez !», a t-elle lancé à l'adresse des nombreuses filles présentes dans la salle. A signaler cependant qu'une ambiance administrative a déteint sur cette manifestation initiée il y a 7 ans par l'ex-directeur de la culture de la wilaya, Beki Benameur. Les deux premières ont connu un engouement particulier avec une participation très importante d'enseignants, d'écrivains et de chercheurs venus des quatre coins du pays, ainsi que de France. On se souvient que la direction de la culture de la wilaya de Boumerdès a placé, il y a 2 ans, ce colloque sous le thème «Le printemps n'en sera que plus beau», un clin d'oeil à l'une des œuvres de Mimouni. Le Printemps des organisateurs a été celui de l'élection présidentielle d'avril 2009, qui devait sceller le viol de la Constitution.