Loin des feux de la rampe, les mathématiciens algériens s'organisent et amorcent une dynamique de recherche qui semble partie sur de bonnes bases grâce, notamment, à la diaspora de chercheurs algériens établis en France. Les journées de mathématiques algéro-françaises clôturées hier à l'université de Constantine sont intervenues d'ailleurs pour susciter une interaction entre les chercheurs des deux rives, une année après l'inauguration de l'espace de coopération initié par l'université Paul Verlaine de Metz et nombre de centres universitaires de l'Est algérien. Il s'agit d'une manifestation de la plus haute importance organisée par les universités de Constantine et Metz ainsi que l'Agence nationale pour le développement de la recherche universitaire. 350 doctorants inscrits dans des laboratoires implantés entre Tizi Ouzou et Annaba sont concernés par ces projets dont l'objet premier est l'encadrement qui reste faible à ce niveau par le fait de la migration qui a saigné l'université algérienne durant les années 1990. Le professeur Rachid Chabour, directeur de recherches à l'université de Metz et coordinateur du côté français de cet espace, fait partie d'ailleurs de cette population qui compte plus de 300 chercheurs rien qu'en France, et dont la plupart occupent des postes sensibles. Près de 120 participants ont pris part à ces journées rehaussées par les conférences données par une vingtaine de chercheurs venus en majorité de France et un de l'Arabie Saoudite, pour confronter leurs idées et surtout leurs questionnements autour des problèmes soulevés dans la science de Descartes et Khawarizmi. La star actuelle des mathématiques, sir Mikhael Nikouline, viendra dans quelques mois prolonger, dans les amphis du campus Zerzara, les travaux des journées qui « ont suscité un engouement sans précédent et une pluie de demandes de participation qu'on a dû éconduire en majorité faute de structures d'accueil suffisantes », a souligné Abdelhamid Ayadi, coordinateur pour la partie algérienne et responsable d'un des laboratoires de Constantine. Les journées constantinoises ont permis de consolider la cohésion créée entre les chercheurs des deux pays, reconnaissent les uns et les autres. Les pas suivants devront contribuer à la résurgence de l'école algérienne de mathématiques et surtout soutenir les chercheurs dans leur volonté de renouer avec la société en proposant leurs services dans les multiples domaines que peut toucher leur science, notamment dans l'économie et l'environnement. La tâche inscrite en ligne de mire demeure, cependant, la création d'une école doctorale des mathématiques prévue pour la rentrée prochaine et qui touchera la région est du pays comme première étape.