La première chambre correctionnelle de la cour d'Alger a traité, hier, plusieurs affaires relatives à la presse. La première affaire a opposé le directeur de publication du Soir d'Algérie, Fouad Boughanem, à l'ancien président du Conseil constitutionnel M. Bejaoui. Intitulé « Plan Bejaoui », paru le 8 décembre 2003, l'article en question, a indiqué M. Boughanem, traitait de la période électorale et de la décision de la cour d'Alger stipulant l'annulation du 7e congrès du FLN. Le tribunal a tenu à prononcer une condamnation contre M. Boughanem, et ce, en dépit du retrait de la plainte par M. Bejaoui. Le président de la cour a, à cet effet, condamné le premier responsable du journal le Soir d'Algérie, à deux mois d'emprisonnement avec sursis et 10 000 DA d'amende. L'affaire est mise en délibéré pour le mois de février . Le deuxième procès a opposé le directeur du quotidien El Watan, Omar Belhouchet à Tahar Zbiri. « Les interventions de Tahar Zbiri » est le titre de l'article paru le 30 novembre 2003 sous forme d'un petit billet dans la colonne « On vous le dit » de la page 23 du quotidien. Dans l'article il est mentionné que M. Zbiri aurait réussi à faire éponger plusieurs milliards de centimes de dette au profit d'un de ses amis. M. Belhouchet avait considéré que cet article ne contenait nullement des allégations diffamatoires et que les termes utilisés ont été mis au conditionnel pour effectivement éviter un tel amalgame. M. Belhouchet a, en outre, indiqué que M. Zbiri aurait dû utiliser un droit de réponse pour infirmer les allégations qui lui ont été portées. Sur cette affaire et pour ce petit billet, M. Belhouchet a été condamné à six mois de prison avec sursis et une amende de 50 000 DA. Six autres affaires ont concerné Mohamed Benchicou, directeur du Matin, actuellement en prison. Deux d'entre elles ont été mise en délibéré pour la semaine prochaine et les quatre autres ont été renvoyées au 4 janvier prochain. Il s'agit, entre autres, de l'affaire opposant le Matin à Chorafa et aussi à Chakib Khelil. Ces procès ont été renvoyés, car la composante actuelle (le président de la cour et les deux conseillers) ne peuvent pas les juger puisque l'un d'eux a instruit l'affaire lorsqu'il était juge d'instruction. Pour ce qui est des deux autres affaires, l'une ayant trait à un billet de SAS dans lequel il cite les généraux Toufik et Lamari, il désignera ces derniers comme étant des actionnaires du ministère de la Défense. L'avocat de la défense a expliqué que le mot actionnaire n'est pas diffamatoire et qu'il appartenait à la presse de citer dans les différents écrits les hommes publics. La dernière affaire a concerné M. Benchicou et la journaliste Ghada H. Cette dernière avait repris des déclarations faites par Ali Dilem, caricaturiste au quotidien Liberté et par SAS, chroniqueur au Matin au sujet du report d'une de leurs affaires au niveau du tribunal d'Alger. M. Dilem avait déclaré alors, sur un ton humoristique, que le fait de l'avoir dérangé et réveillé à 7 h, les généraux qui ont porté plainte sont passibles ... du TPI. Interrogé Ghada H. a estimé qu'elle n'avait fait que son travail de journaliste, l'avocat de la défense Me Bourayou a expliqué qu'il était ridicule de poursuivre en justice une journaliste pour un tel sarcasme et qu'il n'y avait pas matière à la condamner pour cette sorte d'humour totalement bénigne. M. Benchicou, de son côté, a précisé que la journaliste a reproduit dans son écrit les propos de deux personnes. « Elle n'a pas fait de commentaire, elle a répercuté une information », a-t-il dit en ajoutant en guise de réponse à une question que le taux de participation et les résultats des élections étaient orientés. « Je n'ai aucun argument matériel qui prouve que les généraux sont derrière cette combine, mais je me base plutôt sur mon parcours professionnel. Si vous devez me juger sur ce point, jugez alors tout le peuple ainsi que les responsables de partis, car ils ont tous évoqué ce sujet », a-t-il affirmé.