Marouf Ahmed est une figure familière connue et aimée de La Casbah d'Alger, plus précisément de la rue Mohamed Bencheneb, qui vient, hélas, de s'éteindre à l'âge de 75 ans, des suites d'une intervention chirurgicale et d'un état de santé général déficient. Aâmi Ahmed pour les intimes, très nombreux, qui sont les habitants de ce quartier populaire, et essentiellement les jeunes avec lesquels il a partagé la joie des fêtes de leurs mariages à la salle qu'il gérait depuis de longues années. Les traditionnelles circoncisions organisées annuellement pendant le mois sacré du Ramadhan étaient pratiquées par le corps médical dans cette prestigieuse salle au grand bonheur des familles, et dans une ferveur de solidarité collective. Célébré dans une liesse de réjouissance et de joie, l'événement se clôturait par de mémorables soirées musicales, où la gratuité de la location de la salle était le cadeau généreusement offert par Aâmi Ahmed. Pour la perpétuation du rite multiséculaire et traditionnel et algérois qu'est le medh du mausolée de Sidi Abderrahmane, célébré lors des fêtes du Mawlid ennabaoui, il était fidèlement présent et heureux à la rencontre conviviale coutumièrement organisée dans l'enceinte de la salle El Menzeh pour égayer, à l'issue de la cérémonie religieuse du sanctuaire, un moment de chaleureuses retrouvailles autour d'un thé et d'une tamina-maison, symbole de natalité à la saveur du souvenir de «rihet el oualdine», comme on le dit si bien dans notre langue à l'endroit de nos aïeuls et de nos aînés adulés. Cette année, il n'a pu être des nôtres, empêché par la maladie, mais omniprésent par ses dernières paroles qu'il a tenu à nous exprimer la veille sur le mobile, d'une voix certes enrouée par la fatigue, mais encourageante dans son intonation vocale, à dessein de persévérer dans l'accomplissement de l'œuvre de réappropriation des valeurs et repères culturels auxquels il était filialement attaché et, pour le paraphraser, «qui sont un legs légitime à transmettre aux générations montantes». Président d'honneur de l'Association culturelle des amis de la Rampe Louni Arezki, le regretté défunt Marouf Ahmed, n'a pas cessé de s'investir dans toutes des actions menées pour le renouement et la promotion de l'action culturelle au sein de la Médina d'Alger. Ceci en dépit d'une santé précaire, qu'il défiait par une constante disponibilité et une ponctualité en toutes circonstances. Celles qui l'ont profondément marqué et qu'il tenait fréquemment à remémorer fûrent les journées thématiques consacrées à la résurrection de mémoires d'illustres personnages happées par le syndrome pervers de l'oubli. Il passait ainsi en revue le monumental savant Mohamed Bencheneb, qui n'était pour la jeunesse du quartier qu'un nom toponymique de rue sans signification ou repères aucun. A rajouter, le souvenir de l'emblématique figure du patrimoine musical chaâbi, une révélation d'époque, Cheikh Hadj M'Rizek, méconnu par la génération des 40/50 ans de sa Casbah natale. Et de compléter enfin avec l'hommage de reconnaissance et de gratitude célébré de son vivant à l'endroit de l'illustre Fakih Cheikh Abderrahmane Djilali, événement inoubliable qui a fait vibrer la Citadelle ; une soirée du mois de Ramadhan 2007. Dès l'annonce de cette affligeante nouvelle, la fille de Cheikh Hadj M'RIZEK, Mme Chaïb Zoulikha, ainsi que la famille de Cheikh Abderrahmane Djilali nous ont sollicités pour transmettre leurs condoléances attristées à la famille du défunt. En cette douloureuse épreuve, l'ensemble des membres et nombreux sympathisants de l'Association s'inclinent par la pensée du recueillement à la mémoire de Si Ahmed Marouf, pour exprimer leur reconnaissance et leur gratitude à celui qui fut un exemple de générosité envers les humbles et de dévouement pour l'épanouissement de la culture algérienne. Lounis Aït Aoudia Président de l'association des Amis de la Rampe Louni Arezki