La levée de l'état d'urgence n'a toujours pas levé le voile sur le cas des victimes des disparitions forcées. Dans une lettre parvenue à la rédaction, la porte-parole du comité des Familles des disparus, Nassira Dutour, a tenu à dire que malgré «la levée de l'état d'urgence, le rassemblement des mères de disparus demeure toujours interdit». Chaque mercredi depuis 12 ans, les familles de disparus tentent de faire entendre leur douleur de ne rien savoir sur leurs proches disparus. Chaque mercredi depuis 12 ans, elles se voient empêchées par la force de se taire. «Depuis le 4 août 2010, les familles de disparus sont systématiquement empêchées d'atteindre leur lieu de rassemblement habituel, devant le siège de la CNCPPDH. Désormais, elles se donnent rendez-vous un peu plus loin, chaque mercredi matin, devant la Caisse des retraites située à une cinquantaine de mètres de là, avec l'espoir de pouvoir à nouveau gagner le lieu où elles se rassemblaient depuis plus de 12 ans», explique Nassira Dutour dans sa lettre datée d'hier. Ces familles «tentent tous les mercredis de récupérer l'espace qu'elles avaient arraché au prix de nombreux coups et blessures. Elles ne veulent pas que les autorités pensent avoir réussi, qu'il suffit de quelques policiers pour les intimider», dit-elle. Ces mères-courage, parfois au nombre de trente, parfois cinquante, ne se lassent pas de crier leur soif de justice. «Elles continuent inlassablement de réclamer que toute la lumière soit faite sur le sort de leurs proches disparus et que les responsabilités soient établies. Parfois, elles tentent de franchir les cordons de police. L'essentiel pour elles, c'est de faire un pas, de ne jamais abandonner», indique Mme Dutour. Elle précise que «un mercredi sur deux, les policiers les forcent à monter dans le bus. Arrivées à la station Audin, elles descendent, sortent les banderoles et les photos et recommencent à scander leurs slogans jusqu'au bureau de SOS Disparus. Lorsqu'elles finissent par se séparer, elles se donnent rendez-vous pour la semaine suivante. Leur présence et leur rassemblement rappellent que le dossier des disparus n'est pas clos (…)».