Les propos du président de la Commission nationale consultative de la promotion et de la protection de droits de l'homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini, au sujet du dossier des disparus ont provoqué l'indignation des familles de disparus. Après SOS Disparus et le Collectif des familles de disparus en Algérie qui ont dénoncé l'attitude de Ksentini, c'est au tour de l'Association nationale des familles de disparus (ANFD) de dénoncer la sortie du président de la CNCPPDH. L'ANFD a estimé que « la déontologie et la morale dictent que le président de la CNCPPDH dénonce et condamne sans équivoque la répression dont sont victimes de vieilles femmes, au lieu d'appeler à plus de répression en soulignant que l'état d'urgence interdit aux Algériens de manifester ». Farouk Ksentini avait déclaré au lendemain de la répression brutale des familles de disparus, le 11 août passé, que l'interdiction du rassemblement est « conforme à la loi ». Dans un communiqué rendu public, hier, l'ANFD a écrit que « rien n'autorise Ksentini à balayer d'un revers de la main la douleur, la stigmatisation et la hogra dont sont victimes des milliers de familles algériennes ». L'organisation a rappelé que son combat, qu'elle mène depuis 1998, est « la connaissance de la vérité loin de tout esprit de vengeance, un combat pour construire un avenir apaisé qui appelle la vérité et la justice pour un pardon dans la dignité » avant de dénoncer une « orientation politique qui consacre l'impunité en ce qui concerne le traitement des dossiers lourds de la décennie rouge ». En somme, le dossier des disparus demeure problématique. Si les autorités veulent « tourner » la page, les familles des disparus s'y opposent farouchement tant qu'elles ne connaissent pas « la vérité » sur le sort de leurs enfants disparus. Les mères des disparus qui tiennent chaque mercredi depuis le 2 août 1998, devant le siège du défunt Observatoire national des droits de l'homme, sont sommées, depuis le 4 août passé, de ne plus tenir leur sit-in. Mais, elles ne veulent pas y renoncer, et ce, malgré la violente répression policière dont elles ont été victimes lors du rassemblement de mercredi dernier. Déterminées à poursuivre leur combat pour la vérité et la justice, elles se sont donné rendez-vous aujourd'hui devant le siège de la commission de Ksentini.