Le mouvement de colère des étudiants algériens au niveau national, exprimé par des grèves générales et des sit-in, ne faiblit pas. Mieux encore, les universitaires des facultés épargnées, jusque-là, par la protestation ne cessent de rallier leurs camarades contestataires. Les différentes étincelles qui ont alimenté cette agitation, notamment le problème de la sécurité au sein des campus et le décret présidentiel n°10-315, ont fini par se rencontrer en une seule plateforme nationale de revendications. Malgré les assurances du département de Rachid Harraoubia de prendre en charge tous les problèmes sociopédagogiques de l'université et l'abrogation dudit décret, les étudiants ne décolèrent pas. Ça ne décolère pas… Hier, c'était autour des étudiants de la Faculté de droit de Ben Aknoun à se révolter. Ils étaient plus de 200 étudiants à tenir un sit-in devant l'administration. Criant des slogans hostiles aux «réformes universitaires», comme «Ne jouez pas avec notre avenir» ou encore «On veut du concret», les meneurs de cette protestation demandent à leurs camarades d'entamer une grève illimitée pour faire valoir leurs droits. «Défendez vos droits. Il ne faut pas se laisser faire. Ces réformes sont humiliantes», crie une jeune étudiante en toute force. Quelques minutes plus tard, voilà qu'un représentant de l'administration, accompagné de quelques militants des organisations estudiantines, apparaît en promettant aux étudiant : «Vous n'avez plus rien à craindre. Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) a résolu tous les problèmes posés.» «Les systèmes, classique et LMD, vont coexister en harmonie, sans léser aucun des deux», dit-il. Toutefois, cette explication n'a pas convaincu les universitaires protestataires. «Nous voulons des faits concrets. On en a marre des promesses», a lâché une autre étudiante, interrompue par un étudiant, militant d'une organisation syndicale. Surexcité, ce dernier et ses acolytes ont tenté de faire taire leurs rivaux de force, en appelant à rejoindre les salles de cours. C'est ce qui a déclenché des altercations verbales entre les pro et les anti-grévistes. Réunion nationale des comités autonomes Dans le même sens, les étudiants du système LMD de l'Université Alger 3 ont entamé à leur tour une grève illimitée comme signe de solidarité estudiantine, mais aussi pour «refuser d'être sacrifiés» à leurs dépens dans ce conflit qui perdure depuis des mois. C'est dire que la tutelle est prise au piège des revendications des étudiants concernant les systèmes classique et LMD. Les universitaires ont, en effet, compliqué davantage la solution aux responsables du secteur. Quoiqu'ils aient des doléances presque contradictoires, les étudiants de toutes les universités algériennes se sont solidarisés et ont établi une seule liste de revendications. La coordination nationale des comités autonomes des étudiants compte organiser un congrès national à Alger pour l'évaluation des débouchés des actions menées, et décider des suites à donner aux propositions du MESRS pour une sortie de crise. D'après nos informations, des représentants de 24 wilayas prendront part à cette réunion.