La situation en Libye s'aggrave davantage en raison de la poursuite des bombardements contre les positions de l'opposition armée, alors que le Conseil de sécurité de l'ONU se réunissait hier en fin d'après-midi pour examiner la possibilité d'instaurer une zone d'exclusion aérienne. A l'heure où nous mettons sous presse, les combats à aériens et terrestres faisaient rage, notamment à Misrata et Ajdabiya au sud de Benghazi. Ces combats acharnés, qui opposent les forces d'El Gueddafi et les insurgés, auraient fait, d'après des sources médicales, une trentaine de victimes, des civiles en majorité.
Hier et jusque tard dans la soirée, l'aviation d'El Gueddafi intensifiait ses bombardements aériens et maritimes aux abords d'Ajdabiya ciblant notamment des centres urbains et même des mosquées. Les «révolutionnaires», eux, ont mis hors d'état de nuire un convoi des forces d'El Gueddafi qu'ils ont pulvérisé avec leurs trois avions de chasse. Le colonel, qui veut en finir avec la rébellion, a porté hier le combat à Benghazi où son aviation a bombardé une partie de l'aéroport, selon les images diffusées par Al Jazeera. Seif El islam a avertit hier que «tout sera terminé dans 48 heures» dans une allusion à la bataille «finale» que l'armée de son père compte livrer dans cette ville frondeuse, quartier général de l'opposition. «J'ai peur, parce qu'on entend beaucoup de choses à la télévision et on ne sait pas vraiment ce qui se passe», a expliqué un Libyen, à l'APS au lendemain de l'annonce par l'armée d'un assaut «imminent» sur Benghazi. Après avoir reconquis plusieurs villes aux mains des opposants armés, les troupes loyales d'El Gueddafi, appuyées par des avions de combat, se dirigeaient vers Benghazi (est), l'épicentre de la révolte populaire en Libye. Benghazi : la citadelle Le régime de Tripoli a entamé hier sa propagande pour tenter de rallier à sa cause les habitants de Benghazi. «Les forces arrivent pour assurer votre sécurité, lever l'injustice qui vous a été faite, vous protéger et ramener le calme et la vie normale», souligne un communiqué de l'armée «loyaliste», diffusé par la télévision publique. Mais la bataille de Benghazi risque de ne pas être une partie de plaisir pour les troupes déroutées du «guide». Un colonel dissident, qui dirige les opérations à Benghazi, a lancé hier un appel à la «mobilisation générale pour repousser l'assaut du dictateur». Sur le front diplomatique, l'étau risque également de se resserrer sur El Gueddafi. Les Etats-Unis, qui se sont montrés jusque-là évasifs, semblent changer de ton à l'égard d'El Gueddafi. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a dit hier «espérer» un vote jeudi (aujourd'hui) au Conseil de sécurité de l'ONU sur une zone d'exclusion aérienne et «d'autres actions» pour contrer l'offensive des troupes de Mouammar El Gueddafi contre les insurgés en Libye. Une attitude qui conforte Paris et Londres qui font un forcing auprès du Conseil de sécurité pour adopter la zone d'exclusion. Le secrétaire général des Nations unis, qui s'est dit «profondément inquiet» de la situation, a appelé hier les deux parties en conflit, à «un cessé le feu immédiat». C'est dire qu'El Gueddafi a peut-être gagné une bataille, mais pas la guerre. Les Libyens s'apprêtent à vivre un vrai jeudi de l'angoisse.