Les ruptures successives des médicaments sont pour la majorité dues aux retards dans les signatures des programmes, que ce soit pour les produits finis, la matière première ou le vrac. Certains produits conditionnés localement sont aujourd'hui bloqués, alors qu'ils ne sont pas fabriqués localement et interdits à l'importation. Le scandale de la Digoxine en est un exemple. De nombreux opérateurs de la pharmacie s'interrogent d'ailleurs sur les raisons objectives de ces blocages. « Aucune procédure claire écrite n'existe sur la délivrance ou pas des programmes d'importation, et personne ne comprend pourquoi tel importateur à eu un programme, et non pas un autre? », nous confie-t-on. Ces ruptures sont cycliques et durent depuis plus de deux années. Elle est valable, que ce soit pour les princeps ou les génériques produits localement. Du côté de la production locale, c'est le parcours du combattant. Trop de bureaucratie Bien que les discours officiels montrent une volonté d'encouragement, sur le terrain c'est tout autre chose. Les producteurs font face à des pratiques bureaucratiques qui influent sérieusement sur le développement de leur activité. Pourquoi les intrants de l'industrie pharmaceutique sont-ils soumis à programme d'importation ? Par exemple, si un producteur change de fournisseur, d'un excipient, il devra refaire toute la procédure de dépôt de programme d'importation auprès du ministère de la Santé avec les délais que cela sous-entend. Il est de même pour l'obtention d'agrément pour des produits dangereux nécessaires dans la fabrication de certains médicaments auprès du ministère de l'Energie et des Mines , signale un producteur avant de rappeler que « la longue procédure de dédouanement du produit fini ou de la matière première et le working standard, la matière première de référence servant de référence pour le contrôle de routine de tout produit pharmaceutique. Son importation est soumise à chaque fois à des autorisations du ministère de la Santé, alors que l'utilisation de ces produits est habituelle ». La production nationale est en butte à d'autres difficultés d'ordre administratives. Vers des ruptures de stocks La délivrance de la décision d'enregistrement étant dépendante également de la validation du prix et les comités de prix accusant des retards de plusieurs mois, les producteurs se trouvent donc avec des délais d'enregistrement trop longs. Il est de même pour le remboursement. S'agissant des produits hors nomenclature, le producteur, après avoir fabriqué 3 lots industriels et obtenu son enregistrement, doit attendre de 6 mois à un an voire même 2 ans pour voir son produit remboursé. L'élaboration de la liste des médicaments interdits à l'importation tarde à venir et pourtant le ministère de la Santé a commencé à y travailler depuis le mois d'octobre 2010, sans fixer les modalités réglementaires pour décider quand et comment un produit est interdit à l'importation. « Nous sommes en mars 2011, personne ne sait que contient cette liste », fait remarquer notre interlocuteur. Et de préciser que « tant que la liste officielle et définitive n'a pas été diffusée et que les programmes de produits finis ou de vrac n'ont pas été signés, aucun exportateur ne peut se permettre d'anticiper ses campagnes de fabrication ». Pour ce producteur, au rythme où les choses évoluent, les ruptures de médicaments censés être fabriqués localement sont inévitables pour les prochains mois. Il explique que si un produit est autorisé à l'importation à hauteur de 66%, comme préconisé par le ministère, cela signifie que la production locale ne peut satisfaire plus de 33 % du marché. «Il est donc évident que si les programmes sont signés en mars, aucun produit importé ou conditionné ne sera mis sur le marché avant 3 à 4 mois, étant donné qu'il faudra lancer la production et l'approvisionnement dès le mois d'avril. Le produit ne sera donc disponible qu'au mois d'août ! Si l'année 2011 débute avec 3 mois de stocks, des tensions seraient donc à prévoir entre le mois d'avril et le mois d'août : la première victime de cet état de fait sera bien entendu le patient algérien ».