La liste des médicaments interdits à l'importation, 183 dénominations communes internationales (DCI), élaborée par le ministère de la Santé et adoptée par le gouvernement, risque d'être différée à une autre date, contrairement à ce qui était prévu, à savoir le mois de janvier prochain. Les producteurs nationaux affirment ne pas être prêts pour cette échéance puisque tous les ingrédients ne sont pas réunis pour réussir cet exploit. C'est du moins l'avis de plusieurs producteurs nationaux qui se sont engagés dans cette stratégie. Le retard accusé par la direction de la pharmacie dans la signature des programmes de production qui nécessitent des approvisionnements en intrants (matière première, vrac, excipients, etc.) déposés au mois de septembre en serait la cause. Ces programmes n'ont été signés et visés en urgence qu'à la fin de la semaine dernière sur instruction du ministre de la Santé Saïd Barkat. Il a instruit ses collaborateurs de la direction de la pharmacie de finaliser en urgence tous les dossiers en attente, ainsi que les programmes d'importation prévisionnels. Ces derniers seront remis au courant de cette semaine aux importateurs. Ces programmes prévoient des quantités censées couvrir toute l'année 2009 avec un « stock prudentiel » de trois mois. Les médicaments, qui sont désormais interdits à l'importation, ne bénéficieront pas de ces programmes d'importation de produits finis. Des observateurs ne manquent pas de relever que le ministère de la Santé fait face ainsi à une « incohérence flagrante » qui va dans le sens contraire des exigences du gouvernement. Comment peut-on prétendre protéger la production nationale en élaborant une liste de produits avant d'assurer l'essentiel, à savoir la matière première ? s'interroge-t-on, avant d'ajouter : « Il faut s'attendre à une véritable pression en termes de rupture de stocks de médicaments pour les mois à venir, alors que la liste des médicaments interdits à l'importation est composée de 70% de produits essentiels utilisés dans le traitement de certaines maladies chroniques, notamment les affections respiratoires, digestives et en cardiologie. La volonté de développer une industrie pharmaceutique nationale ne semble pas s'inscrire dans la stratégie lancée par le gouvernement. » Stratégie qui consiste à s'orienter vers une production nationale « diversifiée et utile ». L'enregistrement des médicaments est aussi l'un des problèmes signalés. En effet, de nombreux produits destinés à la production nationale sont en attente depuis des années. Toutes les décisions d'enregistrement à la production et à l'importation ont dû attendre de longs mois jusqu'à mercredi dernier pour être signées, suite aux instructions du ministre. Un blocage engendré par des conflits internes à la direction de la pharmacie entre les différents responsables. Pourtant, l'encouragement à la production nationale doit commencer à ce niveau-là. Pourquoi les dossiers tardent-ils à être étudiés alors que la réglementation élaborée par ce même ministère prévoit trois mois pour l'examen des dossiers d'enregistrement ? L'importation des médicaments est soumise aussi aux procédures de bureaucratie. D'ailleurs, de nombreuses autorisations temporaires d'utilisation (ATU) ont été délivrées pour certains produits ces dernières années, notamment ceux destinés au traitement de maladies cancéreuses, renouvelables tous les quatre à cinq ans, alors que des produits « doivent bénéficier d'un enregistrement puisque leur efficacité a été prouvée ». Par ailleurs, cette liste est appelée à être élargie, selon le directeur de la pharmacie, M. Smadhi. Des inspections sur les sites des producteurs nationaux qui se sont engagés à produire ont été effectuées ces dernières semaines où des anomalies ont été constatées. Les inspecteurs ont eu la surprise de découvrir des unités de production à l'arrêt. D'autres n'étaient en fait que des entreprises d'importation de produits finis. Des dispositifs médicaux interdits à l'importation Outre la liste des médicaments, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a élaboré une liste de dispositifs médicaux interdits à l'importation. Il s'agit entre autres du bicarbonate de sodium pour dialyse en cartouche, de dialyseur capillaire, lignes de dialyse, seringues 5 CC, set perfusion, set transfusion.