La défection d'une très grande partie des quatre millions de touristes européens et des deux millions de Libyens qui avaient l'habitude de passer des vacances en Tunisie n'a pas découragé les compatriotes du chahid Mohamed Bouazizi, le déclencheur de la révolution du Jasmin. Pour atténuer les effets de la crise secouant actuellement le secteur du tourisme employant plus de 450 000 personnes, le ministère tunisien du Tourisme va lancer, dans les prochains jours, une nouvelle stratégie de marketing, se démarquant clairement des traditionnels clichés de la mer et du soleil. La campagne qui ciblera les médias algériens a pour objectif de réconforter le touriste algérien sur la situation sécuritaire en Tunisie. Pour attirer plus de 350 000 touristes algériens, au cours des mois de juin et juillet 2011, contre une moyenne de 400 000 touristes auparavant, une campagne promotionnelle de grande envergure devant toucher les pays émetteurs de touristes, notamment l'Algérie, sera lancée incessamment. Une enveloppe de 60 millions de dinars tunisiens (plus de 30 millions d'euros) a été débloquée à cet effet. Plus de 400 000 euros sont réservés à la campagne publicitaire en Algérie. Cette action vient non seulement en réponse à la baisse du rythme d'affluence des touristes algériens de 35% enregistrée depuis le début de l'année, mais tend aussi à présenter le produit tunisien avec en plus un rapport qualité–prix des plus compétitifs. Pour la réussite de la saison estivale, une période charnière pour le secteur touristique de la Tunisie post-révolution, des négociations sont en cours entre les ministères tunisien et algérien du Tourisme pour l'ouverture d'une ligne maritime reliant les ports algériens et tunisiens. On parle aussi de la réduction des prix de Tunis Air et de diverses promotions concernant bon nombre de formules de réservation, notamment pour la formule «All Inclusive» (formule tout compris) en vogue ces dernières années. Pour apprivoiser une grande partie du million d'Algériens qui visitent annuellement la Tunisie où ils dépensent plus de 300 millions d'euros, les professionnels du tourisme tunisien, qui redoutent une année «sabbatique», mettent non seulement les bouchées doubles, mais ne considèrent plus le marché algérien comme un marché local.