Le secteur de la pêche et des ressources halieutiques est plongé dans une situation de crise qui ne fait que s'accentuer ces dernières années. Les professionnels du secteur lancent désormais un appel et interpellent le premier magistrat du pays pour agir. Cependant, il y a lieu de relever la dimension politique de la crise qui secoue ce secteur d'activité. En effet, les opérateurs sont montés au créneau pour dénoncer, en premier lieu, la mainmise totale du parti du Mouvement de la société pour la paix (MSP), membre de l'Alliance présidentielle, sur un secteur économique aussi stratégique. «Les conséquences socioéconomiques sont d'une extrême gravité et peuvent à très court terme engendrer de sérieux problèmes au sein de la profession des pêcheurs ainsi que les milliers de personnes vivant directement et indirectement de la pêche. Le ministère de la Pêche a de tout le temps donné des chiffres fantaisistes pour protéger des individus privilégiés au détriment de l'intérêt économique et social national. Des milliards de dollars ont été investis par l'Etat au profit d'une caste qui a les faveurs de ce parti politique, combien d'épaves de navires récemment importés se trouvent dans nos ports, combien de navires de pêche construits à l'étranger ne sont pas rentrés au pays», s'interroge Mohamed Mimoun, président de l'Association des professionnels de la pêche de Bouharoun. La politique de la pêche en Algérie se débat dans une situation désastreuse. «Entre les discours des ministres du secteur de la Pêche qui se sont succédé depuis Bouguerra Soltani à nos jours, la réalité sur le terrain est contraire. Ils ont même autorisé des armateurs étrangers à venir piller les maigres ressources halieutiques de notre pays au nom du partenariat », indique Mohamed Mimoun. Des patrons de pêche viennent de se réunir à Oran pour la préparation d'une assemblée générale qui aboutira à la création de l'Association nationale des professionnels de la pêche. Des contacts et des concertations sont en cours avec l'ensemble des professionnels algériens de la pêche. Les revendications sont nombreuses. Les professionnels de la pêche veulent remettre le secteur à flots. «Il n'est pas question pour l'Etat d'effacer totalement les dettes des bénéficiaires des gros navires de pêche comme le préconise le MSP. En revanche, nous serons entièrement d'accord pour que l'Etat efface les dettes contractées par les jeunes auprès de l'Ansej. Il existe des problèmes de crédits, des pénalités dues retard de remboursement, de rééchelonnement de la dette, des poursuites judiciaires contre les marins qui sont dans l'incapacité d'honorer leurs engagements en raison de l'inexistence de la ressource. Il n'y a plus de pêche. Or, ceux qui avaient magouillé, en surfacturant les coûts de leurs navires de pêche construits à l'étranger, ne sont pas concernés par la situation dramatique que vit le monde des marins, ils ont des comptes en sécurité dans les banques à l'étranger», dénonce le représentant de ladite association professionnelle. Le climat malsain que vit le secteur de la pêche actuellement est dû principalement à la gestion catastrophique mise en œuvre par le ministère de tutelle, en inondant l'activité d'une multitude de textes inopportuns et en voulant s'octroyer d'une manière détournée des prérogatives dévolues au service des gardes-côtes de la Marine nationale, selon nos interlocuteurs. Les professionnels de la pêche sont en quête d'un coup de pied dans la fourmilière du MPRH. C'est pour cette raison qu'ils font appel aux hautes instances du pays qu'ils exhortent à se pencher sur la situation de leur secteur. L'alerte est désormais donnée : la grogne dans le secteur de la pêche ne fait que commencer.